Publicité

Edito

La médecine à deux vitesses

À la façon de l’emblématique Sachs manuel, la médecine helvétique est un engin à deux vitesses. C’est sûr qu’à force de craindre une évolution vers une médecine à deux vitesses, on perd de vue l’évidence : notre système repose, par définition, sur deux vitesses, l’AOS et la LCA. L’obligatoire et la complémentaire. La base et la privée. L’assurance que l’on n’a même pas le choix de ne pas avoir et celle pour celles et ceux qui le veulent (ou le valent ?) bien. L’assurance pour la population dans son ensemble et celle des happy few… Que voilà des enjeux aux racines historiques profondes !

Alors y a toujours moyen de remonter aussi loin qu’on veut quand il s’agit de raccrocher des enjeux au flux de l’histoire, mais restreignons-nous, si vous le voulez bien, au XXe siècle. D’abord parce qu’il a vu apparaître le boguet susmentionné mais surtout parce que je suis particulièrement dans l’ambiance en ce moment avec la lecture sur l’été de la trilogie Le Siècle de Ken Follett qui décrit de manière passionnante comment l’aristocratie et la lutte contre icelle-ci se sont dissoutes dans le capitalisme et les démocraties, libérant suffisamment d’énergie pour générer plusieurs guerres mondiales chaudes ou froides.

Bigre, LCA et AOS seraient-elles donc les rejetons de ces mêmes forces ? Ce numéro de DOC qui a la bonne idée de présenter conjointement le dossier LCA et le monde des médecins agissant en politique constitue une excellente occasion d’y consacrer de la réflexion. Et puisque je suis lancé, je vous livre un bout de la mienne, à focale médicale nonobstant les goûts et les couleurs que sont les orientations politiques.

En se méfiant de l’antagonisation tant au sein de notre corporation qu’en terme de fracture sociale, notre engagement politique devrait veiller à ce que les conditions dans chaque vitesse soient suffisamment superposables pour permettre le passage souple de l’une à l’autre tant des médecins que des patientes et patients pour le bénéfice et l’efficience du système global. Il s’agit également de viser à garder la main haute sur les modalités d’exercice de notre art et se garder de devenir esclave d’une vitesse. Que notre vie soit financée via un produit premium vanté sur papier glacé ou un poussiéreux contrat de fonctionnaire, la seule garantie est que jamais, jamais, un administratif ne nous soulagera de la moindre parcelle de responsabilité médicale.

Ainsi, amies et amis qui agissez en politique, lorsque vous enfourcherez vos agiles pétroleuses pour monter vers les lieux de pouvoir, songez à vous maintenir en formation groupée !

Bonne lecture.

 

L’écoute de « Born to be wild » de Steppenwolf est recommandée pour la visualisation de la scène finale.

Partagez votre opinion sur cet article !

1 Commentaire
Commentaires en ligne
Afficher tous les commentaires

MERCI pour cet édito, qui fonce droit à l’essentiel, sans couper court à la contextualisation sociétale et historique, nous proposant de manière élégante, mais sans chichi une posture engagée, pour défendre et renforcer les mécanismes d’un système de santé qui soit garant de l’exercice d’une médecine libre au service de toute la population et non un simple exécutant à la commande du marché, de la compétitivité, lui-même un triste-acteur à l’unique solde du règne des sous qui doivent se multiplier, encore et encore.

Je dis bravo. A nos élus j’ai envie de dire: foncez, soyez wild et n’oubliez jamais, que les lois et règlements sont au service des besoins du domaine auquel ils sont sensés apporter des solutions et non l’inverse. Donc oui, penser le monde pour trouver des solutions qui répondent réellement aux besoins qui évoluent est une affaire à laquelle on ne peut se soustraire, si on a l’ambition d’inscrire son action dans le vrai, dans la vie.

C’est pourquoi Chères élues et Chers élus: soyez ambitieux, osez penser et surtout osez créer des cadres légaux qui promeuvent un système de santé qui place les patients et leurs médecins au centre.

Résumé de la politique de confidentialité

La SVM s’engage à protéger votre vie privée. Contactez-nous si vous avez des questions ou des problèmes concernant l’utilisation de vos données personnelles et nous serons heureux de vous aider.
En utilisant ce site et / ou nos services, vous acceptez le traitement de vos données personnelles tel que décrit dans cette politique de confidentialité.

En savoir plus