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Edito

A quand l’économicité 2.0 ?

Qui accepterait aujourd’hui un diagnostic basé sur des scanners des années 1990 ? Personne. Pourtant, en Suisse, le contrôle des coûts de la santé s’appuie encore sur des outils obsolètes. Le terme « économicité », vestige des années 1960, n’est plus utilisé qu’en Suisse (francophone).

Conséquence : les procédures d’économicité dans la LAMal manquent leur cible. Elles privilégient les indicateurs quantitatifs à court terme au détriment des effets à long terme, parfois délétères.

Où se trouvent les coûts des patient·es que les médecins n’osent plus traiter pour éviter de se retrouver coincés dans les filets des assureurs ? Les patient·es « atypiques » – mal-aimé·es des modèles régressifs – ne quittent pas le système de santé mais seulement la facturation de certains médecins installés… Les honoraires de ces derniers vont peut-être diminuer mais la facture globale, elle, ne va pas baisser.

C’est toute la différence entre le résultat immédiat (output) et les conséquences à long terme (impact) bien décrits dans les modèles de suivi de projet (logic models). Une approche mécanique ne semble pas adaptée à la médecine moderne et la grande hétérogénéité des cas traités par les médecins.

Pour reprendre l’analogie du radar, chère à santésuisse, on pourrait résumer la situation ainsi : en forçant certain·es « conducteurs/trices pressé·es » à éviter les autoroutes (et leurs radars), nous ne faisons que déplacer les accidents dus à la vitesse sur les routes cantonales. Deux pistes à creuser :

  1. La Smarter Medicine qui tente d’identifier – et de supprimer – des traitements qui n’apportent pas d’amélioration pour le ou la patient·e.
  2. L’intelligence artificielle, couplée à une collecte et utilisation raisonnées des données, qui permettra dans un futur proche d’affiner les modèles d’analyse pour intégrer les spécificités de chaque patient·e au-delà de simples « moyennes » et autres « écarts-types ».

Il est temps de sortir des vieux modèles et de développer un système de contrôle qui respecte la complexité et la diversité des besoins de santé aujourd’hui. Une telle évolution est non seulement nécessaire pour une gestion efficace des coûts, mais aussi pour garantir une qualité de soins à la hauteur des attentes des patient·es suisses.

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