Mon entrée au comité de rédaction de DOC coïncide avec ce sujet sur la santé mentale. En tant que co-présidente du Groupement des Psychiatres et Psychothérapeutes Vaudois (GPPV) et psychiatre-psychothérapeute installée en privé, ce sujet me tient particulièrement à cœur. La santé mentale est devenue le premier sujet de santé publique dans le monde. En Suisse, les maladies psychiatriques font partie des affections les plus courantes.
Les psychiatres représentent 11% de tous les médecins en Suisse. L’utilisation des services psychiatriques et psychothérapeutiques augmente constamment depuis 2010. En raison de l’évolution démographique, la prévalence des démences augmentera, et avec elle la demande de prise en charge. Le taux de suicide a diminué de moitié entre 1998 et 2022. La société prend conscience de la pertinence d’une bonne prise en charge psychiatrique et psychothérapeutique. Malgré cela, la psychiatrie manque de relève. La proportion de psychiatres travaillant en Suisse mais ayant fait leurs études à l’étranger est de 70 à 80% selon les régions.
Un engagement en politique professionnelle fait sens grâce à l’ancrage dans la clinique. Au travers de leurs récits, expériences, histoires, mes patient·es me permettent de faire évoluer mon regard sur la médecine somatique. Car toutes et tous mes patient·es ont un corps. Cela paraît trivial, mais c’est au travers du corps que s’exprime la souffrance psychique. Son impact physique, que ce soit des troubles du sommeil dans la dépression et les traumatismes, ou la négligence des besoins primaires dans les addictions, montre à quel point la limite entre soma et psyché est ténue. Des études mettent en évidence une surmortalité des personnes atteintes dans leur santé mentale, toutes causes confondues.
Le travail en réseau est plus que jamais essentiel pour nos patient·es, afin d’assurer une prise en charge globale. Il en va de notre responsabilité collective de construire des ponts entre les différent·es intervenant·es du système de santé et la politique, ainsi que de participer à la réflexion quant aux besoins de demain. Ecoutons, observons ensemble celles et ceux que nous soignons, et regardons dans la même direction, soit vers nos patient·es ! Car la santé mentale est l’affaire de toutes et tous.