Mon père était médecin, et quel merveilleux médecin! Passionné et engagé, il ne comptait pas les heures et rentrait souvent tard le soir, si bien que je ne le voyais pas avant de m’endormir, moi petit gamin. En 1992, suivant son chemin, je suis devenu parent deux fois: de mon premier enfant, Matthieu, et du Centre Médical de Vidy, dont je suis membre fondateur et où j’ai installé mon cabinet de médecine interne générale.
Mais dans ce brouhaha professionnel, j’ai tenu à respecter mon engagement personnel de m’occuper et surtout de profiter du plaisir généré par mes trois merveilleux enfants. J’ai donc, dès le début, grâce au soutien évident de ma femme et des grands- parents (rendons leur hommage!), conservé une activité au cabinet à 80%. Et à l’époque, fermer son cabinet deux demi-journées pour s’occuper de ses enfants n’était pas monnaie courante!
Parent de trois enfants et d’une entreprise
Le développement simultané de ces deux projets professionnels m’a demandé une énergie et un investissement de temps considérables, mais cela m’a semblé se faire sans efforts, tant l’enthousiasme de la création donne des ailes – et sans Redbull (qui n’existait pas à l’époque)! Certains diront que cette notion du temps partiel est donc à relativiser dans mon cas. C’est certainement vrai si l’on regarde cette tendance sociétale actuelle de ne pas tout investir dans le travail. Mais quand le travail est un plaisir quotidien, pourquoi s’en priver?
Globalement cette «multi-parentalité» a comblé tous mes vœux de réalisation personnelle, même s’il me restait peu de temps pour me reposer, ou mieux encore, de ne simplement rien faire. J’ai donc conjugué à ma façon cette notion de temps partiel, considérant que la création du groupe Vidy Med – dont je suis aujourd’hui l’un des derniers membres fondateurs encore en activité – était un «loisir». En tant qu’administrateur de notre société et jusqu’à il y a deux ans son directeur médical, il va sans dire que les 42 heures hebdomadaires d’un 100% ont été largement dépassées. Mais cela était mon choix et le prix à payer pour faire de Vidy Med un modèle novateur dans le domaine de la santé.
Arrivée d’une nouvelle génération
Les membres fondateurs de Vidy Med dont je fais partie ont consacré une énergie colossale à l’aspect entrepreneurial, mais l’arrivée de nouvelles générations de médecins a marqué un tournant. En 33 ans, Vidy Med, initialement fondée sur le principe de médecins administrativement totalement indépendant·es, a dû et su évoluer. Cela a permis aux nouveaux et nouvelles arrivant·es de pouvoir travailler en tant que salarié·es, si désiré, avec l’assurance d’un revenu fixe, sans soucis de gestion et d’organisation. Attiré·es par une structure administrative grandement facilitée (gestion administrative, ressources humaines, service informatique, etc.), ces collègues privilégient souvent des postes à temps partiel et/ou salariés. Ce changement a conduit à un certain nombre d’aménagements, notamment pour optimiser les coûts d’exploitation tout en répondant aux attentes des jeunes médecins. De plus, la tenue de colloques de formation interne, de cercles de qualité et d’un groupe Balint font partie de cette philosophie et contribuent au confort et au plaisir de pratiquer ce métier si astreignant.
Un modèle qui a fait ses preuves
Il est difficile de résumer en si peu de mots l’évolution de Vidy Med au fil du temps, marquée par une constante adaptation aux besoins et exigences d’un monde médical de plus en plus complexe. Avec l’inconscience et l’enthousiasme de nos débuts, nous avons su construire un groupe devenu un acteur incontournable du paysage sanitaire du Grand Lausanne. En témoignent les 600’000 patient·e·es ayant fréquenté nos trois centres et les 100’000 consultations environ par année dans nos trois centres d’urgences. Ce à quoi s’ajoutent encore une palette de prestations pluridisciplinaires qui optimisent certainement la prise en charge des patient·es et un confort de travail pour tout le personnel médical.