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Le point de vue d'une psychiatre

« Soigner, c’est bien plus qu’agir sur un symptôme »

À une époque où l’intelligence artificielle est parfois annoncée comme l’avenir de la médecine, comment comprendre que de nombreux et nombreuses patient·es se tournent vers les médecines complémentaires ?

Dans la foulée se pose, selon moi, la question du sens même de soigner : qu’est-ce qui fait le succès d’une prise en charge ? L’enjeu n’est pas d’opposer la médecine dite conventionnelle aux médecines complémentaires, mais de comprendre ce qui rend ces dernières si attractives. La médecine traditionnelle est parfois perçue comme trop technique, trop rapide et fragmentée. On peut lui reprocher de se spécialiser de plus en plus et une tendance à se focaliser sur un seul organe ou sa fonction. Mais il faut rappeler une distinction essentielle : elle repose sur des études scientifiques rigoureuses.

Soigner, une rencontre humaine

Dans ma pratique, j’observe qu’au-delà d’un diagnostic et d’un traitement, mes patient·es recherchent aussi autre chose : ils et elles expriment avant tout le besoin d’être écouté·es et pris·es en considération dans la globalité de leur vécu, surtout s’il ne semble pas correspondre aux « attentes de la société ».

Les patient·es apprécient l’attention que le ou la professionnel·le de santé porte à leurs symptômes et à leur histoire personnelle. C’est la reconnaissance du vécu subjectif, ainsi que l’attention et la bienveillance du ou de la praticien·ne, qui permettent d’établir une confiance mutuelle. Cette relation constitue un appui essentiel qui permet au patient ou à la patiente de s’engager dans une démarche thérapeutique. Les approches complémentaires, quelle que soit leur efficacité médicale, proposent une approche holistique, globale. Elles accordent souvent plus de temps aux patient·es, favorisant un climat d’échange et de confiance. Et cet aspect séduit.

Un lien à privilégier, des dérives à prévenir

S’il est possible de rencontrer des praticien·nes sérieux ou sérieuses et bienveillant·es, il peut arriver également d’être confronté·e à des discours approximatifs, des promesses infondées et parfois des dérives, car ces professions ne sont pas réglementées. Cela n’invalide pas l’effet subjectif bénéfique que ces thérapies peuvent produire, mais invite à la prudence et au discernement.

Soigner, c’est bien plus qu’agir sur un symptôme. Ce n’est pas seulement prescrire ou analyser. Soigner, c’est rencontrer l’autre dans sa vulnérabilité, l’accompagner et lui donner une place dans son parcours de soin. Ce lien humain complète la science : c’est lui qui donne sens à la médecine.

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