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Lire la santé dans les yeux

Une ophtalmologue chez l’iridologue

Lorsque le comité de rédaction de DOC a voulu m’envoyer chez l’iridologue, je me suis demandé s’il y avait là une forme de sadisme. Allais-je pouvoir faire autre chose que tirer à boulets rouges sur l’iridologie ?

Comment l’iridologie, qui prétend obtenir des informations sur l’état de santé actuel et futur d’une personne grâce à l’observation de l’iris et de ses modifications, pourrait-elle fonctionner ? À vrai dire, il n’y a pas de modifications de l’iris après la première année de vie, en dehors des lésions pigmentées évolutives ou des altérations iatrogènes (effets secondaires de médicaments, opération). C’est d’ailleurs en raison de cette stabilité remarquable que l’iris est utilisé comme moyen d’identification biométrique. Quant à la pertinence des cartographies iriennes reliant des parties de l’iris à des organes, ou de l’association entre couleur de l’iris et prédispositions à certaines pathologies, il n’existe pas de preuve scientifique. Il existe en revanche des études démontrant l’incapacité d’iridologues à détecter des patient·es pourtant porteuses et porteurs de pathologies.

Pourquoi y être allée ?

Par ouverture d’esprit, par curiosité et avec l’envie de comprendre ce qui satisfait les patient·es. J’ai demandé à l’iridologue que j’ai consultée, naturopathe de formation, de m’aider à soulager les joyeux symptômes typiques de ma tranche d’âge, comme les réveils nocturnes en nage. Cette dernière a consacré beaucoup de temps à effectuer une anamnèse étendue, ce qui a permis d’identifier les habitudes que je devrais changer pour améliorer ma situation et m’éviter de futurs écueils. L’observation de mes iris a ensuite confirmé cette première impression. Nous pourrions crier au biais de confirmation, mais finalement, en tant que médecins, nous en sommes également victimes.

Après avoir suivi toutes ses recommandations et prescriptions, je suis obligée de reconnaître que mes symptômes se sont fortement atténués. Est-ce dû à mes changements d’habitudes ? Ou à la prise de nombreuses plantes, sous forme de tisane, — moi qui ne suis pas du tout tisane, vous apprécierez mon sens du sacrifice ! — et de gélules dont la provenance, lorsqu’elle est connue, est trop lointaine à mon goût (moi qui ne prends presque jamais l’avion) ?

À mon sens, ce que les patient·es obtiennent et apprécient finalement, c’est le temps. Il permet l’écoute et la perception de la personne dans son ensemble, des éléments essentiels pour le soin mais aussi la prévention. Ce temps, nous l’offrons tout aussi bien à nos patient·es, mais nous devons le partager avec la surcharge administrative imposée. Le système ne devrait-il pas s’inverser et redonner aux médecins ce temps que les patient·es vont chercher ailleurs ?

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