Quelles lectures que celles des articles de nos collègues engagées et engagés en politique ! Volonté de défendre les patient·es et le corps médical, désirs d’équité et d’équilibre, reconnaissance de l’importance de la prise en compte des facteurs environnementaux dans l’appréciation globale du système de santé : voilà autant de motivations qui les ont poussé·es à endosser la double casquette de médecin et de politicienne ou politicien.
Citons quelques chiffres : il y a quatorze médecins dans les conseils communaux et municipalités des communes de plus de quinze mille habitants du canton de Vaud (sans compter celles et ceux engagé·es dans les communes plus petites), et trois médecins au Grand Conseil vaudois. À l’échelon fédéral, il y a en a trois au Conseil national et un au Conseil fédéral, dont vous pouvez lire l’interview dans notre rubrique « Entretien ».
Elles et ils ne sont pas nombreux·es. Pourquoi?
Parmi les obstacles cités, présent également dans l’imaginaire collectif : le temps ! Où en trouver ? Que sacrifier dans son emploi du temps ? L’engagement en politique doit-il être un sacerdoce ? Le sentiment du devoir accompli doit-il être la seule récompense pour celles et ceux qui font des compromis dans leur vie personnelle et, dilemme entre les dilemmes, dans le temps consacré aux patient·es ?
Mais si le temps n’est pas extensible, le ressenti est bien différent selon la qualité de l’action effectuée : l’investissement en politique ne permet-il pas des rencontres incroyables, le développement de compétences, la découverte de ressources dont nous n’avions pas conscience ?
Et d’ailleurs, ne pourrions-nous pas commencer par nous engager autrement, par exemple en politique professionnelle ou dans des comités d’associations, par développer la visibilité des médecins et des soignant·es dans les médias et sur les réseaux sociaux, par nous engager dans notre commune ou notre quartier ? Tant de possibilités s’offrent à nous pour « soigner », non plus directement nos patient·es, mais également notre société dans son ensemble.
Dans un système de soins dont le financement devient très complexe, exercer la médecine n’est plus aussi simple et gratifiant. Engageons-nous toutes et tous à notre manière pour éviter l’évolution du système vers une machine à broyer les prestataires, patient·es et citoyen·nes. Et oeuvrons ensemble pour que notre système de soins reste ce qu’il doit être : un moyen d’assurer le bien-être de la communauté.