Le système hospitalier suisse vacille. Entre excellence clinique, attentes croissantes de la population et réalité financière sous tension, l’équation devient intenable. Primes en hausse, personnel soignant sous pression, réformes mal calibrées : l’hôpital est sommé d’en faire toujours plus avec toujours moins.
Pendant longtemps, on a cru le modèle helvétique solide. Aujourd’hui, il craque. Le vieillissement de la population, l’explosion des maladies chroniques, la pénurie de personnel et les contraintes budgétaires forment une tempête parfaite. À cela s’ajoutent des réformes structurelles qui peinent à convaincre : financement par forfaits DRG trop rigide, virage ambulatoire lancé sans accompagnement suffisant et, désormais, l’arrivée du financement uniforme des prestations (EFAS), porteuse d’espoirs, mais aussi de fortes incertitudes.
Car une chose est claire, si les nouveaux tarifs ambulatoires ne couvrent pas les coûts réels, ce basculement ne fera qu’accentuer les déséquilibres. Le risque est grand de faire plonger les établissements dans une précarité durable, tout en dégradant l’accès aux soins pour la population.
Et pourtant, les attentes restent élevées. Les patient·es veulent des soins sûrs, humains, rapides. Les équipes médicales s’engagent au quotidien avec professionnalisme. Mais sans réforme du financement, sans vision stratégique partagée entre Cantons, Confédération et assureurs, la charge devient insoutenable.
Des solutions existent. Certaines régions expérimentent des réseaux de soins intégrés, des modèles de coordination renforcée entre hôpitaux, médecins de premier recours et structures ambulatoires. Des hôpitaux repensent leur rôle en misant sur l’agilité, la mutualisation, la technologie. Toutefois, ces dynamiques restent isolées, portées à bout de bras par des équipes motivées mais souvent seules face à la complexité du système.
L’hôpital de demain devra être différent : moins centré sur ses murs, plus connecté à son territoire. Il traitera les cas complexes, mais accompagnera aussi la prévention, la réadaptation, la continuité des soins. Il devra être numérique, interopérable, économe… et humain. Ce n’est plus une option : c’est une condition de survie.
Encore faut-il en créer les conditions. Le courage politique, l’engagement collectif et une réforme équitable du financement sont les piliers d’un hôpital repensé. L’heure n’est plus au constat, mais à l’action.
Ce dossier donne la parole à celles et ceux qui agissent, innovent, alertent. Issu·es d’hôpitaux publics et privés, de la politique de la santé, de réseaux ou d’assurances, des professionnel·les partagent leur regard. À lire absolument pour comprendre ce qui se joue et imaginer ensemble un futur hospitalier à la hauteur des enjeux.