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L'hôpital du futur

Vers une médecine plus connectée, personnalisée, humaine… et durablement financée

Le système de santé suisse est reconnu pour son excellence. Toutefois, les hôpitaux doivent aujourd’hui relever des défis majeurs : pression démographique, vieillissement de la population, essor préoccupant des maladies chroniques, pénurie de personnel soignant et tensions financières. Dans ce contexte, l’hôpital de demain ne sera plus seulement un lieu de soins, mais un acteur clé d’une santé connectée, intégrée et centrée sur la personne. Alors que les difficultés budgétaires s’aggravent, la question du financement devient cruciale.

Soins intégrés et connectés 

L’augmentation des pathologies chroniques telles que le diabète, les maladies cardiovasculaires ou respiratoires nécessite une transformation du modèle hospitalier. L’hôpital ne peut plus fonctionner en vase clos : il doit s’inscrire dans une logique de suivi à long terme, en coordination étroite avec la médecine de premier recours, les soins à domicile et les patient·es.

Les technologies connectées (capteurs, montres intelligentes, dispositifs de télésurveillance) joueront un rôle central. Elles permettront un suivi personnalisé à domicile, réduiront les hospitalisations et renforceront la prévention.

Valoriser l’humain à l’aide de la technologie

La pénurie de personnel médico-soignant constitue un défi majeur, lié à des conditions de travail exigeantes, à des départs prématurés et à une désaffection progressive des métiers du soin.

La digitalisation devient alors un levier essentiel : dossiers patient·es informatisés interopérables, intelligence artificielle pour le triage, gestion des flux et aide au diagnostic, téléconsultations, outils prédictifs… Ces technologies permettront d’optimiser la prise en charge, d’améliorer la coordination et de libérer du temps pour les soignant·es, recentré·es sur l’accompagnement humain.

Des finances hospitalières sous tension

Les hôpitaux subissent une pression financière croissante, en partie due aux réformes structurelles introduites par la loi sur l’assurance-maladie (LAMal), visant à renforcer la concurrence et à optimiser l’utilisation des ressources.

L’introduction des forfaits par cas (DRG — Diagnosis Related Groups) a profondément modifié le financement hospitalier. Ce système attribue un montant fixe par séjour hospitalier en fonction du diagnostic et de la complexité du cas, que ce soit pour les soins aigus, la réadaptation ou la psychiatrie.

Bien que ce financement ait amélioré l’efficience, il a aussi généré des effets pervers : souvent, les tarifs et les subventions cantonales ne suffisent pas à couvrir les coûts des prestations dispensées, ne permettant plus aux hôpitaux d’assumer leurs missions publiques sans déficit.

Des réformes à venir porteuses d’incertitude

L’introduction de TARDOC et des forfaits ambulatoires en 2026 suscite de vives inquiétudes. Le virage ambulatoire offre des avantages évidents pour les patient·es — moins d’immobilisation, réduction des risques d’infection, retour plus rapide à domicile — mais pourrait accentuer les déséquilibres financiers des établissements si les tarifs ne couvrent pas les coûts réels.

En novembre 2024, la population a approuvé la modification de la LAMal pour un financement uniforme des prestations (EFAS, voir encadré). Cette réforme introduira un financement identique des prestations stationnaires et ambulatoires par les assureurs et les Cantons, selon une même clé de répartition. Elle représente une opportunité pour les hôpitaux vaudois subventionnés et le Canton de repenser leur modèle de financement.

Trouver l’équilibre entre efficience et qualité des soins

Les réformes à venir nécessiteront une réflexion stratégique sur le financement des hôpitaux. L’objectif est clair : garantir la pérennité des établissements, assurer leur mission de service public, préserver la qualité des soins et répondre durablement aux besoins d’une population en mutation.

SITUATION DES HÔPITAUX VAUDOIS

En vingt ans, les prises en charge ambulatoires ont doublé dans le canton de Vaud, atteignant 2,74 millions en 2023. Les séjours stationnaires sont passés de 105’000 à près de 129’000. La capacité d’accueil recule : 4,03 lits en soins aigus /1’000 hab. contre 4,27 en Suisse (4,42 et 4,58 en 2014). Le canton est sous-doté en psychiatrie (0,64 lits contre 1,03). Côté coûts, Vaud dépense moins que la moyenne suisse : 720 francs par assuré en stationnaire contre 788 en Suisse. Enfin, le poids du privé reste stable avec env. 17 % des journées d’hospitalisation, loin derrière les hôpitaux publics. (DGS, Obsan/SASIS, STATVD/OFS)

LA RÉFORME EFAS SOUS LA LOUPE

Dès 2028, toutes les prestations ambulatoires et stationnaires de l’assurance obligatoire des soins seront financées par les assureurs et les cantons selon une même clé de répartition (financement uniforme — EFAS, voir aussi cet article). À partir de 2032, les prestations de soins seront également financées selon cette nouvelle clé de répartition (au maximum 73,1 % pour les assureurs et au moins 26,9 % pour les cantons). Le Conseil fédéral mettra les ordonnances d’application en consultation dès 2026.

Cette réforme incitera les assureurs-maladie et les cantons à favoriser les traitements les plus efficients pour les patient·es. Elle devrait accélérer le transfert des prestations de l’hospitalier vers l’ambulatoire. Le financement uniforme encouragera la collaboration entre médecins, soignant·es, hôpitaux et EMS, facilitant ainsi la coopération entre les différent·es acteur·trices du système de santé.

Pour les hôpitaux vaudois subventionnés par le canton, cette réforme revêt une importance capitale. Actuellement, le système de financement des hôpitaux repose sur un budget global, dans lequel la part fixe garantie par le canton (55 %) contraste avec la part variable des assureurs (45 %), dépendant de l’activité hospitalière. Ce modèle limite les recettes des hôpitaux face à une augmentation d’activité, ne reflétant pas toujours les prestations délivrées. La réforme EFAS sera l’occasion de réévaluer le système cantonal afin de trouver des équilibres financiers plus justes pour toutes les parties, payeurs et hôpitaux.

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