Spécialiste en chirurgie générale et vasculaire, Vice-président du comité de la SVM
La Suisse figure parmi les dix pays au monde ayant le PIB le plus élevé par habitant·e. Malgré les difficultés économiques des pays voisins, l’économie suisse s’est montrée relativement résistante ces dernières années. En moyenne, les revenus des médecins y sont supérieurs à ceux de nos collègues en Europe, ce qui occasionne une forte attractivité et l’afflux de confrères et consœurs de l’étranger (40% en 2023), ne compensant que très partiellement la pénurie.
Les médecins ne sont bien évidemment pas les seul·es à pouvoir bénéficier de cette bulle économique. Du côté des entreprises pharmaceutiques, le prix des médicaments sous brevet est en moyenne 8.8% inférieur en Europe, et même 48.4% pour les génériques. Concernant les appareils médicaux, les coûts sont deux à quatre fois plus élevés chez nous. En 2023, les assureurs-maladie ne pouvant pas faire de bénéfices sur ce type de produit, mais bien évidemment sur d’autres, ont enregistré une perte de 1.2 milliard de francs, entièrement compensée par leurs réserves de 7.3 milliards de francs. Bref, ces différents acteurs et actrices ne sont pas si mal loti·es. Sachant que la défense de leurs intérêts passe également par un fort lobbying de certains parlementaires…
Toutefois, de nombreux établissements hospitaliers suisses enregistrent, quant à eux, de lourdes pertes financières et ont besoin de millions de francs d’aide de l’État, quand ils ne doivent pas réduire leurs services voire fermer leurs portes. Alors malgré l’augmentation systématique des primes qui met une forte pression sur le budget des individus, le système s’épuise. Nous assistons à un décalage entre la détresse des un·es et le relatif confort des autres. Qui fera des concessions en premier? Faut-il attendre un krach pour que les choses se remettent en place?
Les causes des problèmes de notre système de santé sont multiples et les solutions pour y remédier indéniablement plurielles. La relève et son anxiété face à un avenir incertain, les temps partiels, les pénuries de personnel et de matériel ou encore les intérêts des divers fournisseurs et prestataires de santé représentent autant de défis à intégrer dans cette immense équation. Nous, médecins, devons nous battre pour ne pas nous retrouver englouti·es dans cette spirale infernale et faire comprendre notre plus-value sans arrogance, le tout en donnant envie aux nouvelles générations de s’investir dans le plus beau métier du monde et dans les meilleures conditions possibles!
Nous sommes à la fin d’une ère… Apprenons à l’aimer et à mieux l’orienter, parce qu’elle laisse place à un nouveau début.
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Dr Hervé Probst
Spécialiste en chirurgie générale et vasculaire, Vice-président du comité de la SVM