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Le Sanatorium Universitaire International

Un rêve jamais réalisé

«Il y a des très petites chambres, qui renferment jour et nuit, le père, la mère, sept ou huit enfants et quelques animaux», illustre l’Avis au peuple sur sa santé de Samuel Auguste Tissot. Promiscuité, humidité, pauvreté favorisent ce qu’on nommera en 1839 la «tuberculose».

Dans le quartier du Rôtillon à Lausanne, un recensement de la fin du 19e siècle fait état de 2 à 3 cas de tuberculose par maison, ce qui entraînera la destruction d’une bonne partie du quartier pour «faire entrer l’air, et le soleil». L’héliothérapie, l’air pur, une meilleure nutrition et une activité physique, voilà ce qui doit diminuer la mortalité tuberculeuse et amener, si ce n’est la guérison, au moins une rémission durable. Ainsi vont se construire de nombreux sanatoriums.

Etudiant·es et professeur·es

Dans ce contexte, le docteur Louis Vauthier se met en tête, dès 1918, de vouloir construire un Sanatorium Universitaire Suisse (SU), mais qui devrait aussi accueillir des étudiant·es étrangers et étrangères s’ils ou elles étudient en Suisse. Il veut également ouvrir cet établissement aux professeur·es. En effet, c’est une profession très exposée, à la morbidité élevée, à cause des étudiant·es qui toussent dans les cours sans que l’on se soucie de savoir s’ils ou elles seraient porteurs ou porteuses du bacille de Koch ou non. Les conséquences de la Grande Guerre forcent à redimensionner le projet qui ouvre 50 lits à Leysin, le 1er octobre 1922. Le financement est presque entièrement suisse, fondé sur des dons et des cotisations obligatoires des étudiant·es, mais aussi par un vote des Chambres fédérales qui, en 1931, accordent 500’000 CHF sur proposition du Conseil fédéral.

Entre 1922 et 1937, le Sanatorium Universitaire accueille 650 professeur·es et étudiant·es de 42 nations; 79% sont considéré·es comme guéris.

Le Dr Vauthier est profondément convaincu que l’activité intellectuelle maintient le moral des malades et voit en elle «l’essence de la force curative cachée dans l’activité de l’esprit». Les activités physiques sont de mise et le professeur Rollier se charge de l’héliothérapie dont il est le pionnier.

Un idéal sapé par la guerre

En 1938, on se reprend à rêver d’un Sanatorium universitaire international à 200 lits, et l’on demande à des États de bien vouloir, avec la Suisse, verser des fonds, en «achetant» un ou plusieurs lits à 25’000 CHF.

En 1942, malgré l’appel d’un Conseil de Fondation prestigieux, un soutien du Conseil fédéral et de ministres suisses à l’étranger, et quelques achats de lits par des Suisses établis hors du pays, le Dr Vauthier admettra qu’à cause de la guerre, le Sanatorium universitaire international ne se fera jamais. Le Sanatorium Universitaire de Leysin fermera ses portes en 1961. Ainsi disparaît l’œuvre du Dr Vauthier, éminent confrère idéaliste et humaniste, qui se voulait au service des étudiant·es et professeur·es tuberculeux du monde entier.

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