Cette crise avait été diagnostiquée par Viktor Frankl, psychanalyste viennois contemporain de Freud, qui s’était laissé déporter à Auschwitz par solidarité avec ses deux vieux parents, sa femme enceinte et son frère. Après que toute sa famille fut gazée, il survécut dans le camp en observant, comme psychanalyste, la vie des détenu·es.
Viktor Frankl publia ses mémoires et rapporta ses conclusions : les humains ont une volonté de sens et il existe un inconscient spirituel. Il est en accord avec Freud sur la question de l’inconscient individuel qui, s’il est refoulé, produit les névroses individuelles. Mais selon lui, lorsque la société refoule l’inconscient spirituel, on assiste à une névrose collective, une névrose de civilisation, caractérisée par le vide existentiel.
Une société en quête de sens
Le vide existentiel se caractérise par trois symptômes : la dépression, l’agression et l’addiction. Nous y sommes ! En effet, notre société de consommation ne répond pas aux besoins fondamentaux de l’être humain : le surplus ne comble pas le manque ! Le matérialisme scientifique réductionniste a engendré un individualisme forcené, rendant la population de plus en plus intolérante aux contraintes de la vie en société.
Ce phénomène n’épargne pas notre système de santé et notre médecine. Mais sommes-nous exemplaires dans notre manière de donner du sens aux besoins de santé de la population ? Sommes-nous en accord avec nos valeurs pour établir une hiérarchie cohérente face à l’infinité des demandes sociales ?
Nous devons revenir à une médecine humaniste qui intègre les dimensions biomédicale, psychosociale, mais aussi spirituelle. Nous contribuerons ainsi, à notre modeste échelle, à atténuer le vide existentiel ainsi que la dépression, l’agression et l’addiction qui rongent notre modernité.