Vérification faite, Smarter Medicine n’est pas une initiative de réduction des coûts, mais plutôt un ensemble de mesures d’optimisation proposées par les médecins eux-mêmes. La démarche est participative et les sociétés médicales contribuent à édicter leur «Top 5» des procédures médicales généralement inutiles. De plus, les patient·es sont associés à la démarche. Rien à redire, tout ça semble très bien.
Il y a un «mais». Car si nous prenons un peu de recul, tout cela paraît nécessaire, sans doute, mais peut-être pas suffisant pour aller à l’essentiel. En effet, dans la théorie systémique, on distingue les changements qui ne modifient pas l’équilibre du système et maintiennent l’homéostasie (changements de type 1), des changements qui modifient l’équilibre du système de manière allostatique (changements de type 2).
Repenser les grands principes
La Smarter Medicine propose d’utiles mesures d’optimisation, mais au sein du même paradigme, participant donc à maintenir l’homéostasie. Or notre système de santé et notre médecine ont besoin de changements de type 2 ! Nous avons besoin d’une véritable politique de la santé qui réfléchisse aux valeurs, aux principes de base et aux priorités pour la population, et non pas aux seuls aspects liés à l’administration des coûts.
Par exemple, il est urgent de poser les principes d’une médecine intégrative évitant le saucissonnage et le clivage des traitements. La liaison et l’interdisciplinarité, elles, sont smart ! Le rôle des médecins de famille doit être précisé et priorisé et la liaison entre généralistes et spécialistes clarifiée en matière de santé publique. Il en va de même pour les besoins de santé mentale transversaux à tous les champs de la médecine et encore insuffisamment couverts.
Enfin, comme nous le rappelle la médecine de la personne, les patient·es ont un besoin et une volonté de sens, et pas seulement d’une technique même bien adaptée et optimisée. Ainsi, une fois l’opération Smarter Medicine réussie, what else ? Il faudra développer une véritable clinique du sens, pour le bien commun.