Après plus de dix ans passés à défendre les intérêts des médecins vaudois, c’est un dessin de presse publié à l’occasion des funérailles du pape François qui m’a inspiré ce titre. Croqué par Chappatte pour Le Temps, il montre deux fidèles discuter lors de la cérémonie d’adieu :
— « Il prêchait un truc en voie de disparition… », dit le premier.
— « Le catholicisme ? », demande le second.
— « Non… l’humanisme ! »
Cela me renvoie à une réflexion personnelle sur mon rôle au sein du comité de la SVM. Loin de moi l’intention de vouloir me comparer avec le défunt Saint-Père, mais l’analogie avec la défense de la médecine libérale n’est peut-être pas aussi vide de sens qu’il n’y paraît : c’est peut-être aussi « un truc en voie de disparition ». Malgré une situation de pénurie pour la plupart des spécialités médicales, de nombreuses mesures rendent l’exercice de la médecine libérale toujours plus difficile, dans l’espoir de juguler l’explosion des coûts de la santé en limitant l’offre.
En tant que membre du comité, je dois sans cesse me positionner vis-à-vis des revendications des différents acteurs de notre système de santé qui mettent en danger l’indépendance de notre profession, tant sur le plan organisationnel qu’économique. Bien naturellement, le syndicaliste s’érige contre ces pressions et essaie de les combattre par tous les moyens! Mais dans cette lutte, il faut aussi garder à l’esprit les valeurs qui fondent notre profession. Et c’est là que l’humaniste pointe le bout de son nez, lui qui défend des valeurs telles que le respect de l’être humain et de l’environnement, l’égalité, la liberté, l’esprit critique, la tolérance, la fraternité, le savoir, et militant pour un monde meilleur, ouvert et respectueux.
Défendre les médecins de toutes les spécialités, créer des ponts entre les personnes, convaincre plutôt que contraindre, rassembler plutôt que diviser, tels sont les mantras qui m’ont animé dans le passé et qui devraient continuer à dicter les décisions et actions futures de la SVM. Dans ses choix stratégiques, cette dernière doit s’efforcer de concilier ces deux casquettes. Les thématiques des deux dossiers de ce numéro soulignent cette dualité : « Soigner sans discriminer », pour l’humaniste averti et dire « Stop aux violences contre les soignant·es » pour le syndicaliste.
Ce ne sont là que quelques facettes de cet équilibre entre engagement humaniste et défense syndicale, que j’espère voir perdurer chez les collègues qui reprendront le flambeau dans les années à venir.