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Principes et enjeux de la Smarter Medicine

Pour des soins efficients et durables

Dix ans après son introduction en Suisse, Smarter Medicine constitue une initiative clé pour répondre aux enjeux qui agitent notre système de santé. Elle vise à sensibiliser les clinicien·nes et le grand public à des pratiques dont les coûts économiques, environnementaux et humains surpassent les bénéfices escomptés.

En tant que clinicien·nes, nous sommes constamment appelé·es à prendre des décisions pour améliorer la santé et le bien-être des patient·es. Néanmoins, elles entraînent également des coûts financiers, humains et écologiques. Certaines études avancent que la surutilisation des soins de santé représenterait jusqu’à 30% des coûts. La raison ? En tant que médecins, nous trouvons souvent plus facile de faire quelque chose que de ne rien faire. En outre, les attentes des patient·es ou la peur de poursuites judiciaires nous amènent parfois à prescrire des examens ou traitements sans efficacité prouvée.

Smarter Medicine en Suisse : 10 ans déjà

En Suisse, l’association faîtière Smarter Medicine est le pendant local de l’initiative internationale Choosing Wisely. Elle tente de répondre à ces défis en mettant l’accent sur la responsabilité d’une distribution juste des ressources, en évitant les tests et procédures superflus.

Aujourd’hui, 42 sociétés professionnelles en sont partenaires et ont identifié des soins « inutiles » – autrement dit, des soins qui seraient « pratiqués chez un nombre important de patient·es, sans leur apporter de bénéfice, ou un bénéfice marginal, tout en comportant de possibles effets secondaires et en contribuant à augmenter les coûts de la santé ». Partant de ce constat et pour les besoins de l’initiative, elles ont élaboré des recommandations résumées sous forme de listes « Top 5 ». Basées sur des preuves scientifiques, celles-ci détaillent cinq interventions, traitements ou soins qui pourraient être évités. En Suisse, la première liste de ce type a été publiée en 2015 pour la médecine interne générale.

Mise en oeuvre et impact de Smarter Medicine

Plusieurs études ont démontré l’impact positif de Smarter Medicine. En Suisse, cette démarche a notamment contribué à diminuer le nombre de prises de sang inutiles et à réduire les prescriptions de benzodiazépines injustifiées.

Cependant, sa mise en oeuvre reste entravée par plusieurs obstacles. Parmi ceux-ci, mentionnons le manque d’alignement des incitations visant à motiver les individus ou les organisations à agir dans un but commun, le manque de soutien institutionnel et politique, la complexité des décisions cliniques et le manque de temps. Pour les surmonter, il serait nécessaire d’impliquer toutes les actrices et acteurs concerné·es, de veiller à un meilleur alignement des incitations et de fournir un retour d’information sur les résultats obtenus. Par exemple, nous savons que le nombre de mesures de routine de la vitamine D – citée dans la liste « Top 5 » de médecine interne générale ambulatoire de 2021 – a considérablement diminué après l’arrêt du remboursement du test en Suisse.

Schéma adapté de l’Academy of Royal Medical Colleges

Décision partagée : mieux impliquer les patient·es

La prise de décision partagée est un principe très important de l’initiative Choosing Wisely. Cette approche a pour but de favoriser le dialogue entre médecins et patient·es au sujet des interventions médicales, de leurs avantages, leurs risques mais aussi leurs coûts financiers et écologiques. Cela implique que les médecins doivent partager les informations et les expliquer aux patient·es pour permettre des choix éclairés, mais aussi essayer de comprendre leurs motivations, valeurs et émotions. Mais pour y arriver, les professionnel·les de la santé doivent bénéficier d’une formation spécifique, de même que les patient·es sélectionné·es doivent être motivé·es à y participer.

De Choosing Wisely à Choosing Greenly

Au vu des enjeux climatiques, la question du coût environnemental est venue compléter le concept de Value-Based Health Care (figure ci-dessus). En effet, selon les estimations, la production de gaz à effet de serre provenant des services de santé représente 5% des émissions mondiales nettes. En comparaison, celles provenant de l’ensemble du transport aérien sont estimées à 3,5%.

La réalisation de tests inutiles contribue à ce chiffre, en raison notamment de l’utilisation d’équipements consommateurs d’énergie et de la production de déchets médicaux. Les substances pharmaceutiques ont aussi un impact sur l’environnement : les antibiotiques font partie des médicaments fréquemment retrouvés dans les eaux du lac Léman. Et leur utilisation inutile peut conduire à l’émergence de bactéries résistantes, rendant les futures infections plus difficiles, voire impossibles à traiter.

Réduire les traitements et procédures superflus représente donc une opportunité pour les patient·es et la planète : il existe un co-bénéfice possible.

À retenir

Lancée il y a dix ans, Smarter Medicine est une initiative suisse inspirée du mouvement nord-américain Choosing Wisely. Elle vise à réduire les tests, examens et traitements inutiles en sensibilisant les médecins et le public à leurs potentiels effets secondaires, mais aussi à leurs coûts financiers, humains et écologiques. Avec l’aide des sociétés médicales, Smarter Medicine établit des listes de recommandations « Top 5 » ayant pour but d’encourager les médecins et leurs patient·es à discuter de la pertinence des mesures de santé choisies.

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