Le caractère prétendument inutile de divers examens et traitements ne doit pas prendre le pas sur la personnalisation de la prise en charge. Renoncer à un geste médical n’est justifiable que lorsque son efficacité ou son utilité est discutée ou limitée dans la situation particulière d’un·e patient·e. Et pour cela, il faut avoir la possibilité, et donc le temps, d’offrir un accompagnement sur mesure, permettant de peser le pour et le contre. Comme l’évoque le nom de l’homologue québécois de Smarter Medicine : «Choisir avec soin».
TARMED : un frein à Smarter Medicine
Malheureusement, le système tarifaire TARMED est mal adapté à cette stratégie. En limitant le temps de consultation et les possibilités de le prolonger, l’intervention autoritaire du Conseil fédéral de 2019 compromet le déploiement de Smarter Medicine et de son immense potentiel. Il est en effet plus rapide de prescrire un examen ou un traitement que d’en discuter avec un·e patient·e. L’acharnement des assureurs à multiplier les demandes de justifications pour nous faire « rentrer dans la moyenne » contribue également à décourager les meilleures volontés en la matière.
Vers une tarification adaptée
Aujourd’hui, le succès de Smarter Medicine dépend de TARDOC, dont le Conseil fédéral devrait enfin avoir le courage d’accepter la mise en oeuvre. Ce nouveau système tarifaire permettrait non seulement de construire des forfaits ambulatoires exploitables avec les sociétés médicales prêtes à le faire, mais aussi de créer des positions tarifaires spécifiques à l’application des préceptes de Smarter Medicine, pour celles et ceux qui montreraient leur capacité à les suivre et à les documenter.