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Histoire d'en parler

Hé toubib, quomodo vales?

Dans les siècles passés, il est difficile de trouver des références aux maladies des médecins. Une bonne part d’entre eux tombent malades et meurent comme les autres membres de la population, sans que cela soit vécu comme extraordinaire. Cependant, de nombreuses recommandations leur sont faites pour ne pas s’exposer inutilement à la lèpre et à la peste.

Un médecin n’est pas affecté à une « Maladière », il y intervient ponctuellement, au bénéfice des personnes atteintes par la lèpre. Seule Yverdon, en 1449, offre une chambre au médecin de sa « Maladière ». La peste est mieux encadrée à Lausanne entre 1542 et 1643, avec des chirurgiens-barbiers officiels qui sont requis à chaque épidémie. Un des leurs, le Dr Jean Michel, meurt en 1572 aussitôt après avoir commencé son travail. Le Dr Guillaume Fabri, lui, se protège en 1613 avec des amulettes remplies de poudre de crapaud.

Plusieurs auteurs insistent sur le fait que le médecin doit se protéger en respectant les principes de Galien, soit l’air, l’alimentation et la boisson, le sommeil, le mouvement et le repos, ainsi que l’évacuation des humeurs (Avicenne au 11e siècle ; Nicolas de la Framboisière, médecin du roi Henri IV, en 1600). En 1765, Leurs Excellences de Berne émettent, lors d’une épidémie de typhus, des instructions « aux personnes auxquelles il est permis d’exercer l’art de la médecine à la campagne et qui ne
connaissent pas encore assez cette maladie trompeuse ».

Le Dr Tissot, dans la « Santé des gens de lettres » (édition 1783), appelle les opérateurs à travailler avec la plus grande propreté au contact des « humeurs corrompues ». Il stigmatise aussi une « ardeur au travail, qui ne permet pas de prendre le temps de manger et de boire ».

Médecins drogués pour soigner

Les médecins et chirurgiens paient un lourd tribut dans les combats : à la fois empressés de porter secours, mais pour une bonne part d’entre eux inexpérimentés, ils meurent plus de maladies au contact des blessés que victimes des balles. Desgennettes qui s’inocule la peste à Jaffa, ou Larrey, toujours en première ligne, héritent du sobriquet de trompe-la-mort.

Un médecin de Verdun dit : « Non seulement j’ai des diarrhées… mais aussi des douleurs épouvantables. Il me reste… quelques pilules d’opium qui me calment un peu. » Tenir le coup pour rester disponible a rendu plus d’un médecin toxicomane à la morphine.

En conclusion, nous citerons cet auteur bien connu, qui pour préserver ses confrères de tout dérapage psychologique, dit : « Dans quelque maison que j’entre, j’y entrerai pour l’utilité des malades, me préservant de tout méfait volontaire et corrupteur, et surtout de la séduction des femmes… ». En 2023, Hippocrate reste d’actualité pour tout le
corps médical…

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