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Histoire d’en parler

Le leitmotiv des femmes dans la profession médicale

Le Courrier du médecin vaudois (actuel DOC) a consacré plusieurs dossiers aux femmes dans la profession médicale. Il s’agit donc d’un «thème» rappelé à intervalles réguliers pour ne pas oublier qu’il mérite réflexion – et actions – sur la durée.

En 1990, la rédaction du Courrier du médecin vaudois (CMV) abordait dans son dossier «Médecin au féminin» les «choix cornéliens» auxquels étaient confrontées les femmes qui décidaient d’embrasser la profession médicale tout en fondant une famille. Les témoignages de ce numéro avaient pour point commun l’évocation de renoncements: ces femmes ne participaient pas à certaines commissions, ne se rendaient pas aux congrès les plus lointains dans le cadre de leurs recherches, ne briguaient pas de carrière académique.

Témoignages sur les inégalités

Dans le dossier «Les femmes médecins ont la parole», le CMV de 1998 constatait que, si le corps estudiantin en Suisse avait désormais atteint 50% de femmes, celles-ci avaient plus de difficultés à réaliser une thèse, et à parvenir au nombre d’années de formation post-graduée nécessaire pour obtenir un titre de spécialiste. La Dre Bonard-Robert commentait: «Dans notre société à tendance plutôt latine, où la répartition des tâches, en particulier tenir la maison et élever les enfants, reste le plus souvent conventionnelle, il n’est pas facile pour une jeune femme d’assumer un poste d’assistante hospitalière à 100%, avec les gardes et les horaires qu’il implique, tout en gérant sa maison et l’éducation de ses enfants». Une décennie plus tard, dans le CMV de 2007 intitulé «La femme est l’avenir du médecin», le Dr Thévoz déplorait «le gaspillage humain et économique» qui consistait à former jusqu’à 60% d’étudiantes en faculté de médecine de Lausanne, alors qu’elles ne constituaient plus que 30 à 40% du corps médical, tous secteurs confondus.

Le Courrier du médecin vaudois, organe de la Société vaudoise de médecine, a initié la thématique des femmes dans la médecine peu après son lancement en 1988. Ainsi sont parus les dossiers «Médecin au féminin» en mars 1990, «Les femmes médecins ont la parole» en février 1998, «La femme est l’avenir du médecin» en août 2007.

Et aujourd’hui ?

En 2019, la Société vaudoise de médecine s’est réjouie d’observer que, pour la première fois, les femmes sont devenues membres majoritaires, représentant 53% des 151 nouvelles adhésions. A contrario, les chiffres pour l’année 2021 ont montré que la proportion de femmes diminuait, plus elles avançaient dans leur cursus universitaire: alors qu’elles représentaient 64% du corps estudiantin ayant obtenu le bachelor à Lausanne, elles étaient 57% à atteindre le master, puis 54% à obtenir le doctorat; le ratio femmes-hommes s’inversait ensuite lorsqu’elles tentaient d’accéder au professorat, représentant 48% des postdoctorant.e.s, 31% des maîtres et maîtresses d’enseignement et de recherche et 23% du corps professoral[1].

L’histoire rappelle que les femmes ont trouvé une place reconnue en tant qu’étudiantes et assistantes doctorantes en médecine. L’avenir nous dira jusqu’où cette reconnaissance intellectuelle et professionnelle peut se déployer.

[1] UNIL, L’égalité en chiffres à la Faculté de biologie et médecine, Monitoring interactif (mise à jour: 15.06.2022). Nombres arrondis à l’unité par l’auteure. (Lien pour la version en ligne: https://tableau.unil.ch/t/BEC/views/FBM_monitoring_egalite/FBMLgalitenChiffresMonitoringinteractif?%3Aembed=y&%3AshowShareOptions=true&%3Adisplay_count=no&%3AshowVizHome=no)

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