« Faire de la bonne médecine et non diminuer les coûts »
La Société Suisse d’Hématologie (SSH) a rejoint l’association Smarter Medicine en 2023. Le Prof. Michel Duchosal, chef du Service d’hématologie du CHUV et alors Président de la SSH, explique les motivations derrière cette adhésion et rappelle l’importance de maintenir un haut niveau de qualité des soins.
Comment avez-vous établi la liste « Top 5 » de la SSH ?
Nous avons consulté nos membres pour créer notre liste de recommandations. En tous cas, trois d’entre elles ciblent les médecins de premier recours. En tant que spécialistes, nous savons, par exemple, qu’il est préférable d’éviter de prescrire des anticoagulants pendant plus de trois mois après une première thrombose dans le cadre d’un facteur de risque transitoire majeur. Cependant, cela peut être un rappel utile pour les généralistes qui jonglent constamment entre différentes disciplines. Cela participe à la mission de formation et d’information des sociétés médicales.
Que diriez-vous aux médecins considérant ces recommandations comme contraignantes ?
Qu’elles ne sont pas des dogmes mais plutôt un rappel visant à s’interroger sur la pertinence à mener tel examen ou tel traitement. Ces recommandations peuvent également servir à réintroduire le sujet au coeur de la relation avec les patient·es et à les sensibiliser au fait que toute analyse ne devrait être menée que pour vérifier des suspicions. Car en procédant à tous les tests et examens possibles, nous trouverions forcément des anomalies, susceptibles de créer inutilement de la confusion ou de l’inquiétude. Par ailleurs, je pense que c’est à travers le dialogue que les sociétés médicales et leurs membres doivent définir ces lignes directrices. De la même manière qu’un médecin évalue les risques et bénéfices d’un traitement avec son ou sa patient·e.
Pourriez-vous craindre une réappropriation de ces recommandations par le monde politique ou les assurances-maladie, notamment sous la forme d’un rationnement économique ?
C’est un risque. Cependant, sans données à disposition, je ne suis pas en mesure d’affirmer si ces recommandations permettent d’effectuer des économies ou coûtent plus cher. Certes, la logique voudrait que cela réduise les coûts de la santé et, si c’est le cas, tant mieux. Mais il est important de rappeler que le bien du ou de la patient·e prime toujours sur le reste. Je préciserai, à ce titre, que le « Top 5 » de la SSH contient des recommandations médicales, non des considérations économiques. Smarter Medicine insiste sur ce fait. Pour éviter d’éventuelles dérives, je pense qu’il revient à cette association d’évaluer l’impact de cette démarche et de rester attentive à faire respecter son but premier : faire de la bonne médecine et non diminuer les coûts.
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Tachet
8 mois
« Faire de la bonne médecine et non diminuer les coûts « : Bbravo et merci pour cette phrase trop trop rare en regard des injonctions économiques constantes, usantes et culpabilisantes. La vocation première du médecin est de soigner . Certes en se limitant à ce qui est nécessaire et suffisant pour le faire : actuellement, c’est soigner avec la crainte et la surveillance des assurances et des coûts mais pas toujours au plus près des recommandations médicales .
« Faire de la bonne médecine et non diminuer les coûts « : Bbravo et merci pour cette phrase trop trop rare en regard des injonctions économiques constantes, usantes et culpabilisantes. La vocation première du médecin est de soigner . Certes en se limitant à ce qui est nécessaire et suffisant pour le faire : actuellement, c’est soigner avec la crainte et la surveillance des assurances et des coûts mais pas toujours au plus près des recommandations médicales .