Par Pierre-André Repond, secrétaire général de la SVM
Présidée par le Dr Philippe Eggimann, également président de la SVM, la SMSR a connu une année 2020 largement placée sous le signe du coronavirus, mais aussi du renforcement des liens avec les deux autres organisations faîtières régionales, à savoir la Verband Deutschschweizer Ärztegesellschaften (VEDAG), dont le comité a été renouvelé, et l’Ordine dei Medici del Cantone Ticino (OMCT). La volonté est partagée de davantage collaborer sur les sujets de politique professionnelle nationale, aussi pour offrir à la FMH le complément adéquat dans le cadre de son travail effectué à Berne, notamment auprès du Parlement.
A cet égard, plusieurs actions ont été initiées pour mieux exploiter ces prochaines années le potentiel de communication de la SMSR, à la fois à destination des médecins via les newsletters électroniques largement diffusées de la Revue médicale suisse (organe officiel de la SMSR), mais aussi vis-à-vis de l’extérieur (training médias pour les membres du Comité SMSR, ouverture d’un compte Twitter, développement du contenu du site web). C’est dans ce contexte que la SMSR a poursuivi son soutien financier à la RMS à travers une cotisation spéciale portée à 75.- par membre.
La SMSR s’est positionnée publiquement sur différents sujets au cours de l’année sous revue (difficultés des cabinets liées à la crise COVID, primes AOS 2021 et réserves des assureurs, soutien à une motion parlementaire fédérale demandant des statistiques fiables et plus de transparence dans le système de santé suisse, changement de paradigme dans la détermination des primes AOS, valorisation du relevé statistique « MAS 2018 ») et a régulièrement été présente dans les médias romands et nationaux par l’entremise de son président.
Concernant le coronavirus, deux clips de sensibilisation à l’importance de continuer à consulter son médecin pendant le semi-confinement de la première vague, puis le déconfinement, ont notamment été coproduits par la SVM et la SMSR et mis à disposition des sociétés cantonales romandes de médecine. Le premier a aussi été repris et traduit en italien par l’OMCT.
Le comité de la SMSR a connu un seul changement en 2020 avec l’arrivée du Dr Dominique Bünzli, nouveau président de la Société neuchâteloise de médecine (SNM). Pour rappel, la SVM assure de longue date le secrétariat général de la SMSR, avec le soutien de différentes ressources externes.
En tant que 3e plus importante société cantonale de médecine de Suisse, la SVM joue un rôle actif à l’échelon professionnel fédéral, notamment via la vingtaine de ses membres présents dans les différentes instances de la Fédération des médecins suisses (FMH). A noter l’élection à l’automne 2020 pour la législature associative 2020-2024 de la Dre Yvonne Gilli (SG) en tant que nouvelle présidente de la FMH. Elle devient ainsi la première femme à présider l’organisation. L’Institut suisse pour la formation médicale postgraduée et continue (ISFM) sera désormais aussi présidé par une femme, la Dre Monika Brodmann Mäder (BE).
Dre Yvonne Gilli, nouvelle présidente de la FMH (© FMH)
Quatre médecins vaudois ont été réélus dans leurs fonctions à l’occasion de ces élections générales d’automne 2020, que la SVM félicite et remercie de leur engagement renouvelé.
Délégués de la SVM à la Chambre médicale de la FMH en 2020
Dr Philippe Eggimann, Dr Charles A. Favrod-Coune, Dr Michael Hagmann, Dr Yannis Vlamopoulos, Dre Catherine Léchaire, Dr Alexandre Delessert, Dr Vassiliades Stamatios, Dr Philippe Vuillemin, Dr Christopher Pfaff
Suppléants SVM
Dre Anne Pictet Vallon, Dr Jean-Frédéric Leuenberger, Dr Volker Kirchner, Dr Aurelio d’Alba Mastropaolo, Dr Adrien Tempia, Dr Jacques-André Haury
Délégués des sociétés de discipline médicale
Dre Patricia Roggero (chirurgie plastique, reconstructive et esthétique), Prof. Daniel Hahl (dermatologie et vénérologie), Prof. Thierry Fumeaux (médecine intensive), Prof. John Prior (médecine nucléaire), Dr Volker Kirchner (oncologie médicale), Dr Philippe Pasche (ORL et chirurgie cervico-faciale), Dr Pierre Vallon (psychiatrie et psychothérapie)
Assemblée des délégués de la FMH
Président : Dr Pierre Vallon
Représentant de la SMSR : Dr Philippe Eggimann
Commission de gestion
Vice-président : Dr Philippe Vuillemin
Commission de déontologie
Vice-président : Dr Charles A. Favrod-Coune
TARDOC. En particulier en ce qui concerne la question de la neutralité des coûts, les discussions se sont poursuivies en 2020 pour l’introduction d’une nouvelle structure tarifaire pour les prestations médicales ambulatoires « TARDOC », appelée à remplacer TARMED. Le ralliement en cours d’année de la caisse-maladie SWICA au projet initial développé par la FMH et la faîtière d’assureurs-maladie curafutura (majorité « stable » des assureurs désormais en faveur de TARDOC), ainsi qu’un rapport assez favorable de l’OSFP publié en novembre, offrent désormais de bonnes perspectives pour que le Conseil fédéral l’approuve en 2021, moyennant quelques adaptations à la marge. A l’heure d’écrire ces lignes, une bascule de TARMED à TARDOC dès le 1er janvier 2022 reste donc encore théoriquement possible, mais la probabilité n’est pas non plus complètement écartée d’un autre scénario, notamment en fonction de propositions qui pourraient être faites au Parlement.
A relever l’enjeu pour les sociétés cantonales de médecine de perdre via cette réforme la possibilité de négocier au niveau cantonal des adaptations de la valeur du point (et de saisir les tribunaux le cas échéant), si à la fois la structure tarifaire et la valeur du point sont fixées au niveau fédéral, sans voie de recours possible.
Financement moniste. Compte tenu de conditions assez drastiques posées par les Cantons, vis-à-vis des médecins comme des assureurs, la discussion aux Chambres fédérales autour du financement moniste était relativement bloquée à fin 2020.
Pour rappel, le financement « moniste » consisterait à uniformiser le mode de prise en charge des prestations ambulatoires et hospitalières, avec une clé de répartition entre Cantons et assureurs maladie de l’ordre d’un quart pour les uns et trois quarts pour les autres. Il s’agirait d’une réforme majeure dont le double effet serait en substance d’obliger les Cantons à participer au financement des prestations ambulatoires (actuellement 0%), tout comme de donner un pouvoir majoritaire aux assureurs sur le financement de l’hospitalier (actuellement 45%).
Cet enlisement probable pour plusieurs années pourrait toutefois profiter aux propositions renouvelées en 2020 du corps médical, SVM en tête, de privilégier une réforme intermédiaire plus modeste, mais plus facile à mettre en place : le système moniste « différencié ». Il s’agirait ici de n’obliger les Cantons qu’à prendre en charge en partie les prestations résultant du transfert ambulatoire obligatoire (six groupes de prestations), comme ils le faisaient jusqu’en 2019 lorsque ces prestations étaient effectuées dans un cadre hospitalier (DRG). Le fait est que cette réforme a engendré un report de coûts sur les assureurs et les assurés, donc favorise une hausse des primes, quand bien même une bonne partie de ces prestations continue à être effectuée à l’hôpital, mais en ambulatoire.
Transparence dans les coûts de la santé. La SVM a poursuivi en 2020 son engagement aux niveaux cantonal, romand et fédéral pour obtenir davantage de transparence sur les coûts de la santé et la fixation des primes. En particulier, dès la fin de l’été, la SVM et la SMSR ont revendiqué une baisse des primes de 4% pour 2021, compte tenu de la baisse prévisible des coûts à charge de l’AOS à cause du COVID et de l’abondance des réserves. A cette occasion, il a aussi été rappelé la proposition des médecins vaudois et romands de passer à un calcul a posteriori des primes, afin qu’elles correspondent enfin aux coûts réels de la santé.
Au final, l’annonce d’une hausse modérée des primes pour 2021 montre qu’intervenir dans le débat public en vaut la peine, en particulier pour ne pas laisser le champ libre aux acteurs à qui ces hausses profitent. En particulier, la SVM continuera à contester les prévisions d’augmentation de coûts systématiquement exagérées, et qui génèrent un climat politico-médiatique défavorable aux patients comme aux médecins, faisant ainsi le lit de projets de réformes infondées et inadéquates. Mais l’objectif principal reste l’instauration d’un système de calcul des primes rétrospectif, le plus juste et le plus à même d’éviter l’accumulation de réserves excédentaires.
La SVM a également largement relayé l’étude MAS 2018 de l’OFS publiée à l’automne 2020, qui a permis de montrer une fois encore que le revenu d’une large majorité de médecins installés était stable et loin de certaines idées reçues.
Enfin, il y a lieu de relever la demi-victoire, ou demi-défaite, qu’a constitué en décembre 2020 le classement par le Conseil des Etats, mais pour des raisons essentiellement formelles, d’une double motion « vaudoise » Feller-Thorens demandant la mise en place de statistiques incontestées dans le monde de la santé, via un mandat à un organisme neutre tel que l’OFS. Si ce texte n’a finalement pas été transmis au Conseil fédéral, alors qu’il avait été approuvé à une large majorité en 2019 par le Conseil national, le chef du Département fédéral de l’intérieur a néanmoins été contraint de prendre certains engagements en la matière devant le Parlement. Ceux-ci ne pourront malheureusement être tenus que dans un futur vraisemblablement éloigné et dans le cadre d’une stratégie nationale des données à large spectre, où l’OFS aurait enfin la place qu’il mérite dans le domaine de la santé, de par sa neutralité.
Coûts de la santé : 1er et 2e paquets de mesures du Conseil fédéral. Le Parlement fédéral a commencé à traiter en 2020 du « 1er paquet de 9 mesures visant à maîtriser les coûts de la santé » proposé par le Conseil fédéral en 2019 et nécessitant une nouvelle modification de la LAMal. Si les débats se poursuivront en 2021, on peut en tout cas relever que grâce au lobbying de la FMH, l’introduction d’un budget global que les médecins redoutaient pour leurs patients a heureusement déjà été évité de justesse.
Alors que ce premier paquet n’était pas encore ficelé, le Conseil fédéral en a déjà mis en consultation un deuxième à la fin de l’été, avec le même objectif, mais d’autres chemins pour l’atteindre. La SVM, comme la SMSR et la FMH, considère que ce 2e paquet présente également des risques très élevés de rationnement des soins. La FMH a même déjà annoncé qu’elle lancerait un référendum si le Parlement devait avaliser tel quel ce projet du Conseil fédéral.
Lire à ce sujet : « Le 2e paquet n’est pas un cadeau ! » (CMV n°6/2020)
Nouveaux modèles d’assurance-maladie. La créativité des assureurs-maladie dans la mise sur le marché de nouveaux modèles d’assurance obligatoire à coût attractif, inspirés du « Managed Care » mais limitant drastiquement l’accès au libre-choix du médecin, avec son lot de mauvaises surprises potentielles en cas de maladie, fût à nouveau constatée en 2020. Une interpellation au Conseil national du vice-président de la FMH, le Dr Michel Matter, a ainsi été déposée à l’automne pour que soit vérifiée la conformité légale d’un nouveau modèle QualiMed proposé par Assura (mais heureusement pas encore dans le canton de Vaud…).
Label pour les médecins praticiens. En 2020, ce dossier a été une victime collatérale du coronavirus et n’a pas connu l’avancée espérée, les rendez-vous prévus avec les autorités fédérales n’ayant pas pu se tenir. Ce report permettra néanmoins de consolider les données.
Pour rappel, depuis l’intervention de 2018 dans le TARMED, les médecins praticiens se sont retrouvés pénalisés par diverses limitations, pouvant représenter jusqu’à 10 ou 15% de leur chiffre d’affaires. Une mesure qui fragilise inutilement la médecine de proximité, et dont les effets sont nuls pour les coûts globaux de la santé. Le plus grand nombre de médecins praticiens concernés se trouve en Suisse romande, raison pour laquelle ce projet est mené au niveau régional par la SMSR, sur proposition de la SVM. L’objectif reste l’instauration d’un label des médecins praticiens, reconnu par les Cantons, qui permette aux médecins praticiens de même niveau de formation et pratique que les internistes et généralistes de bénéficier des mêmes conditions tarifaires.
Dans ce dossier, une bonne nouvelle est néanmoins tombée en 2020 dans le cadre des commissions paritaires vaudoises, puisque des discussions constructives avec les assureurs ont permis d’éviter des demandes de remboursements antérieurs à 2018 pour les médecins praticiens.
Tarifs privés (LCA). Les travaux ont continué en 2020 pour la mise en place négociée d’un nouveau régime de conventions tarifaires privées permettant d’assurer l’avenir de ce secteur d’activités, compte tenu de nouvelles exigences de l’Autorité fédérale de surveillance des marchés financiers (FINMA) et de la Commission de la Concurrence (COMCO). Il s’agit notamment que la FINMA puisse valider des éventuelles hausses de primes complémentaires, sur la base d’un état clair des prestations payées et remboursées, et que la COMCO puisse écarter tout risque d’entente cartellaire de nature à générer des surcoûts.
Des conventions tarifaires plus strictes permettront de préserver les intérêts légitimes des assureurs privés et des établissements, comme des médecins et de leurs patients. En contrepartie de certaines contraintes tarifaires, chaque médecin installé pourra adhérer à des conventions passées avec des assureurs privés dont la SVM sera signataire, et bénéficier ainsi de garanties de protection de son activité indépendante et de sa liberté thérapeutique. Ceci offrira aussi aux patients une garantie de remboursement des prestations. Travailler hors de ce cadre restera possible, mais exigera un devis et un accord préalable entre patient, médecin et assureur privé.
A relever que la SMSR a aussi pu clarifier la situation en 2020 avec l’un des principaux groupes de cliniques du pays en ce qui concerne la mise en place des modalités pratiques de facturation des prestations respectives aux assureurs privés (honoraires médicaux, hospitalisation, hôtellerie), ainsi que de répartition de la part médicale des forfaits par cas (DRG) entre cliniques et médecins, lorsque des cliniques privées travaillent pour des prestations AOS dans le cadre des quotas autorisés. Des discussions parallèles ont aussi eu lieu en 2020 entre la SVM (avec le Groupement des médecins hospitaliers – GMH) et la FHV concernant la facturation d’honoraires complémentaires pour les patients des hôpitaux régionaux en division privée.
On soulignera enfin que pour un dossier né sur des soupçons de double facturation de l’OFSP qui se sont finalement avérés infondés, on peut certainement se réjouir de son évolution et de la bonne collaboration qui s’est mise en place entre les partenaires privés concernés du secteur de la santé, désormais sans ingérence étatique inadéquate.
Partenariat DSAS-SVM. L’année 2020 aurait dû permettre de fêter les 10 ans de la convention de partenariat DSAS-SVM avec notamment le 26 mars 2020 une session spéciale de l’Assemblée des délégués de la SVM dans les murs du Parlement vaudois récemment inauguré, en présence de la cheffe du Département de la santé et de l’action sociale (DSAS). Un évènement reporté à des temps meilleurs, par la force des choses.
Suite aux discussions entamées fin 2019, une extension de la convention de partenariat à deux nouveaux axes (analyse des coûts de la santé et médecine hospitalière) a néanmoins pu être signée, mais sans encore d’effet concret à signaler. Pour rappel, ce cadre conventionnel prévoit notamment des rencontres directes régulières entre le conseiller d’Etat en charge du DSAS et la SVM, autour d’axes principaux de collaboration (données démographiques et épidémiologiques, relève et formation médicale, garde médicale, clause du besoin, prise en charge en réseau).
Commission paritaire cantonale. En 2020, la commission paritaire cantonale vaudoise (CPC) a été convoquée à 18 reprises, sous la présidence neutre de Mme Sandra Rouleau, juge cantonal. Me Léonard Bruchez, de l’étude Rusconi & Associés, a assuré la fonction de greffier. Pour la SVM, y ont siégé les Drs Philippe Eggimann, Charles Steinhäuslin, Stéphane Lambert, Olivier Spinnler et David Knobel (3 à chaque fois).
Conformément à l’art. 19 de la convention tarifaire cantonale (CTC) en vigueur depuis 2008, la CPC est composée d’un nombre égal de représentants de la SVM et d’assureurs maladie. Cette commission a notamment pour rôle de tenter la conciliation en cas de litige entre médecins et assureurs maladie ayant adhéré à la CTC.
Les médecins de la commission paritaire se tiennent à disposition des membres concernés pour les orienter et les soutenir dans le cadre de ces procédures.
Médecine hospitalière. Malgré les circonstances dues au coronavirus, l’activité du GMH et de la SVM a été fournie en 2020, avec l’engagement d’un processus de relecture complet de la Convention collective de travail (CCT) cantonale des « médecins-chefs » avec la Fédération des hôpitaux vaudois (FHV), suite aux remarques effectuées en 2019 par le Contrôle cantonal des finances (CCF). Différentes dispositions ont ainsi été prises en 2020 pour améliorer immédiatement le contrôle paritaire de l’application de la CCT, parallèlement à la mise à jour de certains éléments. Depuis 2016, l’objectif de la SVM reste de créer un corpus commun applicable à tous les médecins FMH hospitaliers salariés ou intervenant (médecins agréés) dans tous les hôpitaux de la FHV, ce qui suppose de lever certains obstacles de nature plus politique que médicale.
Une CCT cantonale unique et générale pour les médecins hospitaliers, avec caractère de force obligatoire, permettrait en effet de résoudre l’imbroglio conventionnel actuel, tout en laissant chaque institution hospitalière se doter de règlements plus spécifiques au besoin. Résumés dans une proposition d’accord cadre d’ailleurs acceptée par l’ancien chef du DSAS, ces principes avaient aussi été réaffirmés en 2018 par une résolution du GMH.
© Laurent Kaczor
On relèvera encore qu’une nouvelle CCT spécifique pour les médecins cadres de l’Hôpital intercantonal de la Broye (HIB) a été signée en mars par les partenaires et était toujours en attente de validation par les cantons à fin 2020. Bien que consultée sur le tard en 2019, la SVM avait néanmoins pu apporter son expertise pour offrir à ce projet une assise juridique solide et pouvoir continuer à défendre les intérêts légitimes des médecins vaudois de l’HIB.
En ce qui concerne les Hospices-CHUV, on relèvera en particulier le retrait en 2020 de l’initiative parlementaire sur la gouvernance du CHUV, un compromis ayant été trouvé.
En savoir plus :
Rapport du président du GMH (Groupement des médecins hospitaliers)
Rapport du président de l’AMC (Association des médecins-cadres du CHUV)
Garde médicale. Après avoir assuré un soutien et un suivi pendant deux ans, la SVM a concrètement passé la main début 2020 pour l’organisation de la garde de premier recours dans le canton de Vaud.
Désormais sous la pleine conduite autonome de quatre Commissions régionales de la garde soutenues par des mandataires régionaux (dont le financement est assuré par l’Etat), l’évolution de la garde médicale de 1er recours s’est poursuivie avec des développements variés dans les régions, pour tenter de répondre à certains particularismes. Il est cependant encore trop tôt pour juger de leur pertinence. La SVM, signataire de la convention qui chapeaute la garde médicale, sera évidemment attentive à ce que les intérêts légitimes des médecins et de la population y soient pris en compte. De manière générale, la garde médicale de premier recours s’articule aussi progressivement avec les autres dispositifs de réponse à l’urgence, conformément au souhait de l’Etat.
Pour sa part, la SVM a continué d’œuvrer au développement d’un cadre juridique clair et sûr (y compris concernant la rémunération) pour les gardes de spécialités dont elle a conservé la responsabilité de l’organisation. Sous l’égide de la SVM, plusieurs conventions ont ainsi été conclues en 2020 entre des groupements de spécialités et le Canton, conformément à la Loi sur la santé publique et à la convention de la garde. Moins visibles mais tout aussi importantes, les gardes de spécialités permettent notamment de mettre à disposition des hôpitaux affiliés à la FHV des médecins spécialistes agréés, donc d’assurer par une capacité complète et permanente de haut niveau sur l’ensemble du territoire, leur indispensable mission de santé publique.
On relèvera enfin avec satisfaction en 2020 la nomination du Dr Jean-Pierre Pavillon, président de la SVM de 2008 à 2012, à la présidence de la Commission cantonale de la garde.
Voir également : CMV sur la garde médicale spécialisée (octobre 2020)
Valeur du point vaudoise. La SVM s’est à nouveau prêtée en 2020 à l’exercice sensible de la négociation de la valeur vaudoise du point tarifaire TARMED avec les trois différentes communautés d’achat des assureurs maladie.
A l’automne, un accord avait été trouvé avec deux d’entre eux (groupe CSS et groupe tarifsuisse, représentant 85% des assureurs) pour le maintien d’une valeur du point à Fr. 0.95 en 2021. Ceci au terme de discussions constructives à saluer, qui ont permis de tenir compte de la pandémie en cours, impactant l’activité médicale. A fin novembre, l’Assemblée des Délégués de la SVM a confié au Comité la finalisation des discussions avec le groupe HSK, un accord avec cette communauté d’achats faisant toujours défaut lors de la dernière AD de l’année.
Assistantes médicales. Malgré un contexte compliqué et incertain pour les cabinets médicaux (COVID et discussions fédérales TARDOC), les négociations ont abouti en 2020 avec la section vaudoise de l’ARAM (Association romande des assistantes médicales) concernant une revalorisation de leurs conditions salariales. Notamment, le salaire minimum de base recommandé dès 2021 augmente de 5%, passant de 4000 à 4200 CHF. La discussion va maintenant se poursuivre sur d’autres aspects des conditions de travail, avec une volonté partagée entre la SVM et l’ARAM d’un dialogue partenarial plus rythmé.
A noter que la formation des assistantes médicales aura été un autre sujet de préoccupation lors de l’année sous revue, en particulier suite à un changement d’école professionnelle souhaité par le Canton (DGEP) pour les cours interentreprises des apprenties. Il a également fallu mettre sur pied avec l’ARAM des cours de perfectionnement pour les assistantes déjà diplômées avec une formation certifiante en matière de perfusion.
Collectivité des membres. A l’image de toute la profession, la féminisation progressive de la SVM s’est poursuivie en 2020 avec, pour la deuxième année consécutive, plus de nouvelles membres (+84 ; 54%) que de nouveaux membres (+71 ; 46%). La SVM comptait 3721 membres à fin 2020 (+72 ; 40% de femmes sur l’ensemble des membres), dont 2’896 membres en activité (+71 ; 42% de femmes au total). Sur l’ensemble de l’année, il a été recensé 155 admissions pour 96 démissions, départs à la retraite et décès. Le statut de membre honoraire a également été conféré à 11 médecins émérites retraités, membres de longue date.
Depuis plusieurs années, la SVM est en légère croissance, principalement grâce à un fort taux d’affiliation des médecins installés. Afin de maintenir une représentation équilibrée, il s’agira certainement ces prochaines années de développer prioritairement la promotion de la SVM au sein du monde hospitalier, autant par l’entremise du Groupement des médecins hospitaliers (GMH) que de l’Association des médecins cadres du CHUV (AMC).
A relever qu’un rabais spécial covid des cotisations (après une dizaine d’années de non-augmentation) a été avalisé pour l’année 2021 par l’Assemblée des Délégués en novembre, afin de marquer la solidarité de la société avec ses membres touchés économiquement par la pandémie.
Enfin, l’on a pu constater en 2020 que certaines structures mises en place pour encadrer et favoriser les relations entre membres SVM, patients et partenaires (médiation, commissions paritaires, modération de honoraires) mériteront probablement d’être reconsidérées ces prochaines années, avec un éventuel remodelage de l’offre à envisager. Parfois à la hausse, parfois à la baisse, leur sollicitation a en effet passablement évolué depuis leur création.
On notera aussi en juillet 2020 la création du Groupement des médecins du travail vaudois (GMTVD), en tant que nouveau groupement de discipline médicale à la SVM.
Assemblée des Délégués (AD). Si l’AD n’a pas pu siéger valablement en mars en pleine première vague COVID (remplacement de l’AD par une visioconférence non-décisionnelle), l’AD de juin a pu se tenir normalement au Casino de Montbenon à Lausanne, moyennant des précautions sanitaires renforcées. Le 26 novembre, en pleine deuxième vague, l’AD s’est tenue en ligne pour la première fois de son histoire et de manière valable, grâce à une adaptation du règlement prudemment votée en juin.
© Laurent Kaczor
Les informations détaillées sur l’AD et ses travaux (composition, PV, ordres du jour, documents, etc.) sont disponibles pour les membres sur le site web de la SVM.
En savoir plus : Lire le rapport du président de l’AD
Comité. En juin 2020, le Dr David Knobel (psychiatre) a été désigné par l’AD pour succéder au Comité de la SVM au Dr Olivier Spinnler, membre depuis 2011. Le Dr Philippe Eggimann a aussi été réélu à une très large majorité pour un nouveau mandat de deux ans à la présidence de la SVM, tout comme le Dr Adrien Tempia (chirurgien) à la vice-présidence.
A lire également : Bilan 2020 du président du Comité de la SVM
Dr David Knobel, nouveau membre du comité de la SVM
Conférence des présidents. Organe au rôle consultatif, la Conférence des présidents réunit ponctuellement les présidents de groupements pour débattre de problématiques d’actualité. En 2020, trois conférences des présidents ont pu avoir lieu, toutes en visioconférence : le 9 avril (ouverture des cabinets, fonctionnement des groupements pendant le COVID, soutien économique), le 30 avril (sondage activités des cabinets, activités invasives en cliniques, déconfinement) et le 15 septembre (clause du besoin, négociations tarifaires 2021, situation sanitaire COVID-19 et 2e paquet « coûts de la santé » du Conseil fédéral).
Secrétariat général. Dès le début de la pandémie, le Secrétariat général a rapidement basculé en télétravail, pour lequel heureusement il était déjà techniquement très bien préparé. Ceci a ainsi permis de garantir la continuité du fonctionnement de la société de manière agile et sans heurts particuliers, à la fois vis-à-vis des membres et des partenaires. Au-delà, cette crise a aussi permis de développer progressivement d’autres modes de fonctionnement intégrant la dimension digitale, qui ouvrent des perspectives intéressantes du point de vue de la vitalité, de la densité et de la modernité de la vie associative.
Le Service aux membres aura été évidemment particulièrement sollicité en 2020 (5000 téléphones, 14’500 courriels !) dans le cadre de la réponse à la pandémie. De nombreuses interactions avec les services du médecin cantonal ont en outre été nécessaires pour répondre en continu aux demandes d’information des membres, dont les plus fréquentes ont fait l’objet d’une « FAQ » publiée sur le site de crise INFOS-COVID, ensuite régulièrement mise à jour. L’appel aux médecins volontaires a également engendré de nombreuses demandes de renseignements de leur part. Malgré tout cela, le Service aux membres a encore pu achever en 2020 la numérisation de tous les dossiers papiers des membres, avec enregistrement de chaque dossier dans la base de données de la SVM.
Face à des demandes toujours plus fréquentes, la SVM a travaillé en 2020 au développement d’un service interne combiné Droit/RH, à la fois pour les besoins de la collectivité des membres, mais aussi dans le but d’un renforcement non-externalisé du soutien direct aux cabinets médicaux. Au fil des années, de plus en plus de cabinets s’agrandissent, et il convient dès lors de pouvoir continuer à les soutenir efficacement au niveau des contrats individuels de travail, des assurances sociales, de l’administration et de l’organisation interne, etc. Deux collaborateurs du secrétariat général ont ainsi commencé à suivre une formation continue RH reconnue au niveau fédéral.
Au terme d’une année chahutée, le Centre de confiance (CdC) de la SVM a été actif dans plusieurs domaines essentiels, aux côtés de la SVM. Dès le mois de janvier, le CdC lançait sa nouvelle plateforme de statistiques, avec des rapports revisités, plus complets et plus faciles d’accès. Dans les semaines qui ont suivi, il a fallu réorganiser toutes les activités du CdC et de la SVM pour se redéployer sur un modèle entièrement électronique, exclusivement en télétravail, afin de garantir la poursuite des services à nos membres en pleine crise. Fort de ce succès, le CdC a poursuivi aussi ses travaux d’interopérabilité et définitivement confirmé sa capacité à transmettre des données anonymisées de pratique médicale et de facturation à NewIndex, l’organisme national détenu par les médecins. NewIndex agrège et consolide les données de facturation de tout le pays pour les mettre à disposition de la FMH et des sociétés cantonales de médecine, pour leurs différentes négociations tarifaires. Le CdC a également mené, pour la première fois en Suisse, une campagne RoKo entièrement électronique afin de simplifier au maximum les démarches demandées aux participants.
Locaux et archives. A la lumière notamment du fort développement du télétravail et des visioconférences, la SVM a modifié en profondeur un projet déjà avancé de remaniement du secrétariat général et finalement même décidé de renoncer à une partie de ses bureaux (3e étage). Par ailleurs, alors que le 200e anniversaire de la SVM (2029) commence à poindre le bout de son nez, la SVM a eu la désagréable surprise de découvrir que ses archives situées au sous-sol étaient attaquées par un champignon… Dans cette perspective, un travail conséquent d’assainissement des archives sera nécessaire pour y réaccéder en toute sécurité, avant de penser à leur valorisation.
Communication. En 2020, l’effort de communication de la SVM s’est largement porté sur la production d’informations à destination des membres concernant le COVID, mais aussi vis-à-vis de la population. Heureusement, avec les travaux de digitalisation de la communication associative effectués en 2018 et 2019 (nouveau site web, blog, compte Linkedin et Twitter), la SVM était déjà plutôt bien équipée. A cette boîte à outils initiale se sont rapidement ajoutés dès mars un site web INFOS-COVID réservé aux membres, une page Facebook destinée à la population, ainsi qu’un groupe Facebook privé pour permettre aux membres d’échanger entre eux de manière directe et informelle. Plusieurs groupements ont également commencé à utiliser leurs sous-sites hébergés par la SVM pour y communiquer des informations spécifiques à leurs membres. A relever qu’un sondage en ligne effectué à l’automne a démontré qu’une large majorité des membres était satisfaite des supports de communication digitaux mis en place, même si certaines améliorations seront encore à effectuer.
Le Courrier du médecin vaudois (CMV) a été réduit à 6 parutions en 2020 autant pour des raisons de baisse des rentrées publicitaires que de développement en parallèle des supports de communication digitaux, y compris les newsletters électroniques aux membres (43 newsletters en 2020). On relèvera en particulier pour l’année sous revue la parution de 2 numéros largement consacrés au COVID, et qui ont nécessité de bouleverser quelque peu le calendrier éditorial initial. Plusieurs contributions originales dignes d’intérêt ont également été spontanément proposées sur le Blog des médecins vaudois (BMV). Un grand merci aux auteurs du CMV, et du BMV !
Plus de 1500 personnes cumulées étaient abonnées à la fin de l’année 2020 à l’un ou l’autre des réseaux sociaux de la SVM (Twitter, Linkedin, Facebook). La SVM a continué d’y publier régulièrement du contenu d’intérêt professionnel, adapté aux spécificités et publics de ces différents réseaux.
COVID oblige, presque tous les événements collectifs destinés aux membres n’ont pas pu avoir lieu en 2020 et ont dû être annulés ou repoussés à des temps meilleurs : AD spéciale et visite du Parlement vaudois, Journée annuelle de la SVM, rencontre d’accueil des nouveaux membres, nouveau format d’événement philosophico-médical qu’il était prévu d’inaugurer au mois de juin ou encore un événement partenarial dédié sur la transmission de cabinets. La vie sociale de la SVM en aura évidemment souffert, même si de nombreux efforts ont été accomplis pour conserver le lien autrement avec les membres lors de cette période.
Afin de se réunir au moins une fois autour d’un programme destiné à faire le lien entre 2020 et 2021 (COVID, télémédecine), la SVM a organisé un événement inédit en visioconférence le jeudi 10 décembre 2020 avec un plateau de choix (Prof. Didier Pittet, Dr Bertrand Kiefer, Dr Philippe Eggimann, Dre Sanae Mazouri et Thomas Wiesel), auquel pas moins de 370 personnes ont pris part.
A voir ou à revoir : événement SVM de fin d’année en ligne
Enfin, la pandémie a généré une intense visibilité médiatique de la SVM (162 citations dans les médias imprimés, hors interventions dans les médias électroniques), soit environ trois fois plus que lors d’une année « normale ».