L’année 2022 de la SVM fut à nouveau un millésime riche, autant du point de vue de notre vie associative que de l’environnement multi-dimensionnel dans lequel les médecins vaudois évoluent. La lecture des différents textes de ce rapport, que je recommande vivement, vous en donnera l’aperçu.
Avant toutes choses, je veux ici d’abord relever la carrière exceptionnelle de notre secrétaire général sortant, Pierre-André Repond, qui aura servi avec dévouement le corps médical vaudois pendant pas moins d’un quart de siècle ! Au nom de l’ensemble de la SVM, qui lui doit tant, je lui adresse encore une fois un immense merci. Bienvenue et merci également à notre nouveau secrétaire général Steve Aeschlimann, qui a su pendant quatre mois être l’autre binôme parfait d’une période de transition réussie et qui va maintenant pouvoir nous faire profiter de ses compétences.
Steve Aeschlimann (à gauche) a succédé à la fin de l’année 2022 à Pierre-André Repond (à droite) au poste de secrétaire général de la SVM. © Laurent Kaczor
Plus qu’un prestataire de services à ses membres, la SVM est aussi une petite démocratie qui doit périodiquement prendre le temps de redéfinir son modus vivendi. Avec quelques soubresauts, le processus de révision du Règlement de l’Assemblée des Délégués s’est poursuivi en 2022 et l’on peut raisonnablement espérer que 2023 marque son aboutissement. Il ne s’agira toutefois que d’une étape dans une adaptation nécessaire du fonctionnement de notre société médicale. Les enjeux professionnels, politiques et sociétaux sont nombreux et de taille et il est de plus en plus difficile de faire entendre la voix du corps médical auprès des appareils administratifs de nos partenaires privés et publics, dont les effectifs et les moyens croissent bien plus vite que les coûts de la santé…
Pour rester un interlocuteur fiable, crédible et capable d’influencer les conditions-cadre d’exercice de la médecine, notre société ne doit, elle, pas forcément s’alourdir. Il y a d’ailleurs dans l’ADN du médecin des gènes de liberté, de responsabilité et d’esprit entrepreneurial assez peu compatibles avec une délégation systématique de compétences ou une allégeance trop prononcée à son association professionnelle. Par contre, la SVM doit peut-être s’efforcer de fédérer encore davantage les énergies individuelles de ses membres. Pour 2023, qui sera ma dernière année complète de présidence, favoriser notre dynamique collective future quitte à repenser le partage des rôles sera l’une des priorités du comité. Et cela consiste aussi à faciliter pour tous nos membres la connaissance des enjeux dont ils doivent se préoccuper, comme nous l’avons en partie déjà fait avec notre nouveau magazine DOC, début 2022.
Du côté de notre environnement immédiat, soit le système de santé vaudois, il faut évidemment relever que l’année 2022 a d’abord été marquée par les élections cantonales et le changement de majorité du Conseil d’Etat, engendrant pour qui son lot d’espoirs, pour qui son lot de craintes. Cette nouvelle réalité obligera à repenser certaines approches pour les cinq prochaines années au moins, mais il faut réaffirmer à celles et ceux qui en douteraient que les médecins, toutes spécialités confondues, sont d’abord en blanc et que la SVM n’a pas de couleur politique. Depuis toujours d’ailleurs, elle accueille toutes les sensibilités et discute avec tous les partis.
A cet égard, la mère des batailles des prochains mois pour l’ensemble des médecins vaudois installés (ou qui souhaiteront s’installer ces prochaines années) est clairement celle de la valeur du point. Avec une augmentation continue des charges des cabinets aggravées par l’inflation, il y a lieu non seulement de s’opposer à toute nouvelle tentative de baisse, mais de revendiquer désormais une hausse justifiée (voir le tableau publié dans le magazine DOC #5). Celle-ci l’est d’ailleurs autant à titre « égoïste » pour que les médecins installés puissent un jour travailler moins que 60h/semaine pour faire tourner leur cabinet, qu’à titre solidaire vis-à-vis des collègues hospitaliers toujours davantage accaparés par des urgences mal orientées, ainsi qu’à titre altruiste, travaillant souvent au-delà de l’âge de la retraite (voir le dossier à ce sujet dans le DOC #5) pour éviter d’aggraver la pénurie de médecins dont la population a déjà commencé à pâtir.
Cette lutte contre la pénurie, justement, est peut-être le combat commun que le corps médical vaudois pourra mener avec ses autorités cantonales. Une fois n’est pas coutume, il faut ainsi saluer la collaboration mise en place avec le DSAS en 2022 dans le dossier, ironie du sort, de la clause du besoin… et les premières décisions du Conseil d’Etat qui a déjà renoncé à réguler l’admission des médecins de premier recours. Tous les autres cantons n’ont pas encore fait preuve de la même lucidité.
© Laurent Kaczor
Pour la troisième plus grande société cantonale de médecine de Suisse que nous sommes, s’intéresser aux affaires fédérales et tenter d’y jouer un rôle actif est enfin aussi nécessaire. Je relève qu’en 2022, peu de signaux positifs sont venus de Berne, où l’agenda parlementaire recèle actuellement bien plus que risques que de chances pour notre corporation, comme pour la prise en charge médicale de la population. On ne peut donc qu’espérer que les élections fédérales de cet automne débouchent sur une ère plus collaborative et constructive entre le corps médical et le Département fédéral de l’intérieur, que ce que nous avons vécu, pour ne pas dire subi, lors des 10 dernières années.
Pour conclure, bravo évidemment à tous nos membres, médecins hospitaliers et installés, qui qui se sont à nouveau mobilisés avec une énergie admirable en cette sortie de pandémie pour soigner ou suivre des centaines de milliers de malades du coronavirus, tout en reprenant progressivement le fil d’une activité médicale plus normale. Nos patients savent ce que nous faisons pour eux, et cela restera toujours le plus important.
Dr Philippe Eggimann, président de la SVM