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Bon pour la tête

Cyber-in-sécurité

Nous sommes donc entrés dans le siècle du numérique. C’est-à-dire du quantitatif. Du digital, mais la digitale n’est-elle pas pour les malades du cœur ? Notre civilisation serait-elle insuffisante cardiaque, sans cœur ?

Nous sommes devenus addicts au numérique, dans une addiction générale au contrôle quantitatif. En médecine, le dragon économique nous serre dans ses griffes, par la dictature de la rentabilité et de ses administrations. Le rapport à l’argent a rongé progressivement la confiance dans la relation médecin-malade.

Mais il y a aussi le dragon de l’intelligence artificielle qui sort de son oeuf… et qui laisse entrevoir une médecine des algorithmes, robotisée et anonyme. Quelle place pour la médecine face à la connaissance totale des machines ? Sauvera-t-elle son âme, dans une médecine de la relation avec des personnes de chair et d’os, avec leur inconscient et leurs émotions? Car l’individu humain est caractérisé par sa singularité, irréductible aux algorithmes seulement.

Bien sûr, l’intelligence artificielle est une aide importante pour l’accès à la littérature scientifique, pour l’aide au diagnostic, à certaines décisions thérapeutiques, et la médecine aurait tort de s’en priver. Dès lors, il faut envisager une symbiose entre le/la clinicien-ne, son/sa patient-e et les algorithmes. Pas simple, quand les avocat-es et les tribunaux sont de la partie.

Nous ne savons pas d’où nous venons ni où nous allons, alors nous nous rassurons par la science et la technologie.

Et gare aux dérives : à la Silicon Valley, on est en train de faire surgir la création d’un «dieu artificiel», omniscient, omnipotent du savoir. Mais souvenons-nous de la promesse du serpent dans la Genèse en ce qui concerne le fruit défendu: «mais Dieu sait que, le jour où vous en mangerez, vos yeux s’ouvriront, et que vous serez comme des dieux, connaissant le bien et le mal»! Voir aussi le Dr Faust et son pacte avec le diable. La volonté de puissance oublie cruellement l’humilité et la charité. La science a des limites, celles-ci sont cognitives, et les modèles scientifiques procèdent par approximations successives. Tout se passe comme si on avait mis tous nos œufs dans le panier de la rationalité et de l’hémisphère gauche. Mais il y a les rêves, l’imagination, les émotions, les intuitions, la résilience inattendue. Saint Augustin disait déjà au 4e siècle : «Les miracles ne contredisent pas la nature, mais la connaissance que nous en avons».

Quant au besoin de sécurité (la cybersécurité en est un cas particulier), il s’agit du vieux rêve de maîtrise des humains, face à l’inconnu, voire à l’inconnaissable. Nous ne savons pas d’où nous venons ni où nous allons, alors nous nous rassurons par la science et la technologie. La cybersécurité est une chimère dans un monde interconnecté. Nous ferions mieux d’y faire face en intégrant notre finitude et d’accepter dorénavant la cyber-in-sécurité dans notre fragile condition humaine.

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