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DEP: quelles différences avec nos voisins?

Il faut l’avouer, le DEP actuel pâtit de sa conception déjà dépassée et de ses difficultés d’implémentation. Pourtant, si l’on impliquait plus les professionnel·les de santé en tenant compte de leurs expériences, il pourrait devenir un outil essentiel dans l’approche systémique des soins.

L’intégration des technologies de l’information dans le secteur de la santé est devenue incontournable pour optimiser la prise en charge des patient·es. La Suisse a pris ce virage depuis plusieurs années, mais force est de constater que le DEP dans sa forme actuelle ne convainc personne. A tel point qu’il est plutôt vécu comme une contrainte par des actrices et acteurs obligé·es de s’y raccorder. A ce titre, il est intéressant de comparer les trajectoires suivies dans des pays comparables à la Suisse, comme l’Autriche et le Danemark.

Suisse: “J’ai des petits problèmes dans mon DEP, pourquoi ça pousse pas?”

Au pays des Helvètes, à vouloir un système totalement décentralisé avec une protection des données maximale, on a perdu de vue l’objectif du DEP : améliorer la prise en charge et responsabiliser le/ la patient·e dans son parcours de soins. Conséquence : son adoption piétine…

Des années ont été consacrées à construire les fondations et brancher la tuyauterie entre les grosses institutions, mais peu a été fait pour les principaux/ ales bénéficiaires. En effet, les cabinets médicaux ne sont pas du tout raccordés et doivent actuellement saisir les données à double dans leur dossier médical ET dans le DEP via un portail peu amène (voire 3 ou 4 portails selon les communautés des patient·es). Le/la patient·e n’y trouve pas grand intérêt non plus : pas d’application pratique pour voir ou faire renouveler son ordonnance, trouver un médecin, téléconsulter ou partager son dossier en un « clic ». Pire encore, comme beaucoup de ses soignant·es ne sont pas raccordé·es correctement, son dossier est donc incomplet !

Autriche: priorité à l’accessibilité et à l’interconnexion

L’Autriche a adopté une approche plus centrée sur l’accessibilité et l’interconnexion : système unique et centralisé, contenant uniquement des données normées et interopérables. Les systèmes informatiques de toutes les actrices et acteurs y sont raccordés nativement. Et pour ne rien gâcher, le mécanisme de financement est clair et pérenne.

Les professionnel·les de santé peuvent accéder aux informations médicales complètes et pertinentes en temps réel, directement depuis leur outil de travail habituel. L’ensemble des patient·es a automatiquement un dossier et l’accès est simplifié. Il en découle une coordination plus efficace des soins.

Danemark: précurseur du digital

Le système de santé danois baigne dans une culture digitale de longue date, le premier portail e-health ayant été lancé en 2003 déjà. Très tôt, les échanges entre prestataires de soins sous forme digitale, structurée et standardisée, ont été généralisés et ont permis d’améliorer la qualité et la sécurité du parcours de soins, de réduire la paperasse et de mieux employer les ressources à disposition. Les ordonnances, par exemple, sont digitalisées à 99%. Ce chiffre laisse rêveuse la population suisse dont nous faisons partie, à l’heure où l’on se demande toujours comment les signer électroniquement.

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