Dossier électronique du patient: en Autriche, toutes les parties satisfaites !
Le dossier électronique du patient (DEP) existe en Suisse depuis maintenant plusieurs années, au travers d’expérimentations plus ou moins fructueuses. Il y a plus d’un an, il est même devenu obligatoire dans les hôpitaux. Pourtant aux yeux de la population et des professionnels de santé indépendants, il est passé inaperçu jusqu’à se demander s’il est vraiment disponible.
Pascal Fernandez
Responsable opérationnel et Centre de Confiance (CdC), SVM
Interpelé sur les lenteurs de l’adoption du DEP, le Conseil fédéral a commandé à Ecoplan AG un rapport sur les mesures à prendre pour accélérer sa mise en œuvre et promouvoir sa pleine utilisation.
Un DEP plébiscité par la population
Afin de décider des mesures à recommander, les auteurs ont eu la bonne idée de franchir nos frontières et d’aller voir comment les choses se passent du côté de l’Autriche notamment. Et force est de constater qu’elles se passent plutôt bien !
Les différences de stratégie avec la Suisse et la philosophie du projet sont très intéressantes. Les Autrichiens peuvent compter depuis 2015 sur un dossier électronique gratuit baptisé ELGA, géré et financé par une société en mains de l’Etat fédéral, les Länder et les assurances sociales. La Suisse, elle, compte sur des acteurs privés (communautés) qui se lancent avec une subvention au démarrage et doivent ensuite trouver un modèle de financement rentable.
Quand les Suisses doivent activement demander l’ouverture de leur DEP (opt-in) et la création de leur clé d’accès numérique avec des processus compliqués et peu matures, les assurés autrichiens se voient automatiquement attribuer un ELGA accessible avec leur passeport numérique. Ils/elles ont évidemment la possibilité de le refuser (opt-out), mais seulement 3% des gens recourent à cette option, si bien qu’ELGA compte actuellement près de 8 millions de dossiers.
Les autres bonnes trouvailles ne manquent pas dans l’exemple autrichien et devraient inspirer nos autorités à réviser en profondeur la stratégie suisse. En Autriche, les prestataires et établissements dont les soins sont remboursés par l’assurance doivent obligatoirement se raccorder à ELGA. Mais pour eux, contrairement à la Suisse, l’usage de portails internet où les données doivent être ressaisies manuellement est proscrit ! ELGA ne doit jamais être une corvée administrative supplémentaire. Les éditeurs de logiciels médicaux ont été impliqués dès les balbutiements du projet en 2007 et l’intégration d’ELGA dans leurs outils est native et standardisée.
L’interopérabilité sémantique des données a été érigée en règle absolue : pas question de créer un cimetière de PDF. Seuls les types de documents et données structurées harmonisés à l’échelle de tout le pays sont acceptés. ELGA constitue l’infrastructure e-Health unique qui connecte tous les acteurs de manière normée et homogène ; il n’y a pas de risque, comme en Suisse, de voir une communauté développer des produits non interopérables.
Pour l’heure, ELGA propose essentiellement trois services, considérés comme critiques pour le succès d’un dossier électronique : le partage de documents (rapports, analyses, images), la médication partagée et le carnet de vaccination. Ces deux derniers manquent cruellement au DEP suisse et devraient être une priorité.
Les besoins des patients au cœur du DEP autrichien
Dernière grande différence : l’«empowerment du patient», prôné par le DEP. En Autriche, l’utilisation du portail ELGA par les patients est totalement marginale. L’intérêt des patients ne se situe pas dans la lecture de rapports médicaux abscons ou dans la gestion des droits d’accès de chaque document comme imaginé dans le DEP. Les patients autrichiens attendent juste de leur dossier d’être pertinent et utile aux professionnels qui les suivent et s’occupent de leur santé.
Si en Suisse, l’heure est déjà au bilan, alors que le DEP n’a pas encore pris son envol, espérons que le Conseil fédéral saura retenir le meilleur des exemples qui marchent pour adapter sa stratégie : c’est-à-dire proposer un DEP simple, utile et efficace.
Partagez votre opinion sur cet article !
4 Commentaires
Commentaires en ligne
Afficher tous les commentaires
BOURQUI PHILIPPE
1 année
“…….. Les éditeurs de logiciels médicaux ont été impliqués dès les balbutiements du projet en 2007 et l’intégration d’ELGA dans leurs outils est native et standardisée.,,,,,,” That is the Swiss problem !!!!
BOURQUI PHILIPPE
1 année
BRAVO …. Les Autrichiens peuvent compter depuis 2015 sur un dossier électronique gratuit baptisé ELGA, géré et financé par une société en mains de l’Etat fédéral, les Länder et les assurances sociales. La Suisse, elle, compte sur des acteurs privés (communautés) qui se lancent avec une subvention au démarrage et doivent ensuite trouver un modèle de financement rentable.
BOURQUI PHILIPPE
1 année
TELLEMENT VRAI!!!
Quand les Suisses doivent activement demander l’ouverture de leur DEP (opt-in) et la création de leur clé d’accès numérique avec des processus compliqués et peu matures, les assurés autrichiens se voient automatiquement attribuer un ELGA accessible avec leur passeport numérique.
BOURQUI PHILIPPE
1 année
Y-a-t.il une étude comparative sur les zones (regroupements de cantons) qui marchent mieux que d’autres ?
Le 9 juin, ne freinons pas l’accès de la population aux soins!
Edito
Révision de la LSP: une collaboration pragmatique
Politique
“Le chiffre d’affaires du cabinet n’est pas le revenu du médecin!”
Résumé de la politique de confidentialité
La SVM s’engage à protéger votre vie privée. Contactez-nous si vous avez des questions ou des problèmes concernant l’utilisation de vos données personnelles et nous serons heureux de vous aider.
En utilisant ce site et / ou nos services, vous acceptez le traitement de vos données personnelles tel que décrit dans cette politique de confidentialité.
Cette option doit être activée à tout moment afin que nous puissions enregistrer vos préférences pour les réglages de cookie.
Les cookies nécessaires
Cookie
Durée
Description
moove_gdpr_popup
365 jours
Ce cookie enregistre le choix de l'internaute concernant le consentement.
advanced_ads_browser_width
1 mois
Ce cookie créé par le module Advanced Ads stocke la largeur de l'écran.
wpdiscuz_nonce_*
8 heures
Ce cookie créé par le module WP Discuz assure le bon fonctionnement des commentaires sur le site.
Si vous désactivez ce cookie, nous ne pourrons pas enregistrer vos préférences. Cela signifie que chaque fois que vous visitez ce site, vous devrez activer ou désactiver à nouveau les cookies.
Cookies analytiques
Ce site utilise Matomo pour collecter des informations anonymes telles que le nombre de visiteurs du site et les pages les plus populaires.
Garder ce cookie activé nous aide à améliorer notre site Web.
Les cookies nécessaires
Cookie
Durée
Description
_pk_id.*
13 mois
Ce cookie créé par Matomo pour stocker les informations sur l’utilisateur, telles que l’identifiant unique du visiteur.
_pk_ses.*
30 minutes
Ce cookie créé par Matomo est utilisés pour stocker temporairement les données de la visite.
_pk_ref.*
6 mois
Ce cookie créé par Matomo enregistre le moyen par lequel un utilisateur est arrivé sur le site, par exemple via un moteur de recherche, une lettre d’information, un lien direct, etc.
Veuillez activer d’abord les cookies strictement nécessaires pour que nous puissions enregistrer vos préférences.
“…….. Les éditeurs de logiciels médicaux ont été impliqués dès les balbutiements du projet en 2007 et l’intégration d’ELGA dans leurs outils est native et standardisée.,,,,,,” That is the Swiss problem !!!!
BRAVO …. Les Autrichiens peuvent compter depuis 2015 sur un dossier électronique gratuit baptisé ELGA, géré et financé par une société en mains de l’Etat fédéral, les Länder et les assurances sociales. La Suisse, elle, compte sur des acteurs privés (communautés) qui se lancent avec une subvention au démarrage et doivent ensuite trouver un modèle de financement rentable.
TELLEMENT VRAI!!!
Quand les Suisses doivent activement demander l’ouverture de leur DEP (opt-in) et la création de leur clé d’accès numérique avec des processus compliqués et peu matures, les assurés autrichiens se voient automatiquement attribuer un ELGA accessible avec leur passeport numérique.
Y-a-t.il une étude comparative sur les zones (regroupements de cantons) qui marchent mieux que d’autres ?