Publicité

Introduction

Blouses blanches, tapis rouge

Les clichés concernant la Suisse ne manquent pas. Les banques, le chocolat, les montagnes ou encore notre horlogerie sont parmi les plus cités en dehors de nos frontières. Mais que dire de notre système de santé ? Une chose est sûre, il attire régulièrement une patientèle plus ou moins célèbre et/ou fortunée qui attise les convoitises.

© Meg Chikhani

Le présent dossier aborde la thématique de l’accueil, des soins et du secret médical pour cette patientèle particulière. Peut-être avez-vous déjà eu l’occasion de soigner une personnalité ? Un sentiment d’orgueil d’avoir été choisi·e pour vos compétences se mêle à une certaine anxiété car la moindre erreur vous fera possiblement connaître les foudres des réseaux sociaux et des médias. Une responsabilité d’autant plus sensible lorsque des enjeux financiers, politiques ou encore sportifs sont en lien avec la santé de cette personnalité. L’actualité sur l’état de santé d’Alain Delon, soigné en Suisse, nous rappelle que le monde médiatique raffole de ce genre de mélodrames. A qui la faute ?

Les cliniques privées ont bien compris que cette clientèle a besoin de discrétion et de luxe. Elles ne ménagent pas leurs efforts pour attirer des membres de famille royale, chef·fes d’entreprise ou personnalités médiatiques en leur vantant leurs atouts typiquement helvétiques. Les hôpitaux universitaires sont aussi régulièrement sollicités pour soigner des « VIP ». On se souvient évidemment de ce pilote de Formule 1 qui a séjourné au CHUV à la suite d’un grave accident. Le protocole de protection de son intimité avait alors été poussé à l’extrême, avec succès puisqu’à ce jour aucune fuite n’est à déplorer.

Aujourd’hui, les « people » veulent maîtriser pleinement leur image. Ils et elles communiquent directement sur les réseaux sociaux et dans les médias et n’hésitent plus à parler de leur maladie, comme en témoigne Fanny Leeb dans ce numéro. Une manière d’utiliser leur notoriété pour la bonne cause. C’est toutefois à nous médecins de veiller à ce que toute information dévoilée publiquement soit exclusivement le fruit de leur propre initiative.

Soigner des personnalités ou n’importe qui d’autre ne change rien dans la mesure où nous sommes heureusement toutes et tous sur un pied d’égalité face à la maladie. Néanmoins, leur prise en charge nécessite des ajustements de la part du personnel soignant comme des structures hospitalières afin de préserver leur sphère privée qui fait souvent l’objet de spéculations de la part des médias. Pour le bien de notre patientèle, espérons que le secret médical en Suisse connaisse un meilleur sort que le secret bancaire, sans quoi nos « clichés » n’auraient plus la même saveur.

Partagez votre opinion sur cet article !

0 Commentaires
Commentaires en ligne
Afficher tous les commentaires