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Pressions extérieures en milieu sportif

Le secret médical poussé dans ses retranchements

Le rapport de confiance dans le suivi des sportifs de haut niveau, comme dans toute relation médecin-patient, est basé sur le secret médical. Un secret parfois mis à mal par la forte exposition publique de cette patientèle et les pressions exercées par une multiplicité d’acteurs.

Les sportifs de renom étant des personnalités publiques, il est difficile de les préserver en cas de problème de santé. Autour de l’équipe gravitent de nombreuses personnes, dont des journalistes, agents et recruteurs. Nos entraînements sont observés par ces dernières. Parfois elles logent dans le même hôtel et nous croisent régulièrement. Si lors d’un entraînement, un joueur est absent ou a droit à une préparation individualisée, la presse s’en fait l’écho avec toutes les hypothèses diagnostiques et pronostiques possibles. Les réseaux sociaux des joueurs, de leurs familles, de leurs agents, ainsi que de leurs clubs sont scrutés à l’affût de renseignements complémentaires.

Dans l’équipe, les informations circulent. Par définition, elles restent « dans le vestiaire ». L’équipe, joueurs et staff, forment une grande « famille ». Ainsi liée par cette intimité, le secret est difficile à préserver en soi : seul le niveau de détail peut être maîtrisé. Nous vivons ensemble à plus de 50, en vase plus en moins clos, 24 heures sur 24. Chaque membre du staff travaille pour que l’équipe soit la plus performante possible. Chacun est dès lors rapidement au courant d’un éventuel problème de santé d’un joueur, dont il est parfois même le confident. Si, après avoir examiné la cheville d’un joueur, vous croisez l’entraîneur, il est du reste inévitable de lui donner quelques détails alors que théoriquement, notre rôle en tant que médecin dans cette situation ne devrait être que de quantifier une capacité de travail : en l’occurrence, apte ou inapte à jouer.

Respecter les limites posées par le joueur

Lors d’un problème locomoteur, le diagnostic est le fruit d’un consensus entre le ou les médecins et les physiothérapeutes. Chacun a son domaine de compétence et son expérience du sport de haut niveau. Une fois un diagnostic retenu et, pour autant que le joueur le souhaite, ce qui n’est pas toujours le cas, nous sommes rapidement en contact avec son club dont il est employé et salarié. Le cas échéant, joueur et médecin, nous préparons avec notre service de presse un communiqué résumant le plus souvent de manière très générale la situation du joueur concerné et éventuellement son pronostic. Si cela génère de nouvelles sollicitations extérieures, nous nous en tenons strictement aux informations que le sportif en question a consenti à dévoiler publiquement. Lors de grands rassemblements (Coupe du Monde, Championnat d’Europe, etc.), ces notions de confidentialité sont rappelées à tous, joueurs et staff. Une sensibilisation est également effectuée quant à l’usage des réseaux sociaux. Le respect de cette déontologie est un pilier inconditionnel de la confiance qui unit l’équipe et l’ensemble de son staff.

© Association suisse de football (ASF)

L’avis de Michel Aebischer, milieu de terrain de l’équipe de Suisse de football

En cas de problème de santé, quelles informations souhaitez-vous transmettre et à qui?

L’entraîneur doit être tenu au courant de tout problème rencontré. Il doit connaître ces informations pour préparer au mieux son équipe. Il est important également que mon club soit rapidement informé. Pour les autres personnes de l’équipe, hormis le staff médical, je souhaite une certaine réserve. Il en va de même pour mes coéquipiers car rapidement, via leurs relations, leurs agents, l’information pourrait être divulguée. Je souhaite par ailleurs pouvoir participer à l’élaboration du communiqué de presse, afin de définir le degré de précision des informations révélées.

 

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