Je me souviens que quelques semaines plus tôt, j’avais conclu l’entretien pré-opératoire avec ce patient par : « Vous savez M. Gorgoni, je ne voudrais pas être responsable de la disparition de Marie-Thérèse Porchet. Votre public vous attend ! ». Et me voilà alors responsable de la transplantation d’une des personnalités préférées des Suisses romand·es.
Des questions qui se bousculent
Même si on essaie de se persuader qu’il s’agit d’un patient comme un autre, je mentirais si je disais que je n’ai pas ressenti de pression supplémentaire. En tout cas, le sommeil a été difficile à trouver, entre l’excitation d’effectuer la greffe et la peur de ne pas être à la hauteur.
Avec l’expérience, on apprend petit à petit à gérer les moments de stress qui sont intenses lors d’une transplantation : l’attente, les difficultés techniques que l’on peut rencontrer lors du geste ou encore la gestion de l’équipe. La chirurgie n’est pas une science exacte. Mais si on rajoute à cela le fait qu’il s’agit d’une personnalité publique, on a aussi en tête les potentielles retombées médiatiques.
La greffe a finalement débuté le lendemain vers 22h00. J’avais ressenti tout au long de la journée une pression différente par rapport à la prise en charge d’un patient « classique ». Ce sentiment va s’estomper finalement assez vite après le champtage où il ne reste que le thorax de visible, empêchant toute reconnaissance du patient. Le fait d’être soutenu et entouré par une équipe compétente, avec laquelle j’ai l’habitude de travailler, a également contribué à ce que la concentration prenne le pas sur le stress.
Seule la vie compte
Fort heureusement, l’opération a été un succès et la greffe s’est terminée sans problème le lendemain vers 6h00 du matin. Je me souviens d’une intense fatigue après quasiment deux nuits blanches, mais aussi de la grande satisfaction d’avoir pu mener à bien cette transplantation.
Il faut toutefois garder à l’esprit que tout·e chirurgien·ne apprend durant sa formation à mettre le ou la patient·e en premier et que la volonté de bien faire son travail reste la même, peu importe le statut social ou médiatique de la personne. Car ce qui compte réellement, c’est la vie en face de nous.