L’humain est un être social, rares sont les vrai-es solitaires. La solitude des personnes âgées est souvent contrainte et non choisie. Les différentes organisations de soins à domicile « hélicoptères » et minutés ne remplacent pas le lien social. Rester chez soi, oui, mais à quel prix ?
Chaque intervenant-e de ce dossier parle de l’importance de voir la personne âgée dans sa globalité mais seul Pro Senectute mentionne la qualité de vie. Arriverons-nous à élargir notre champ de vision médical pour nous mettre au plus près des besoins de nos aîné-es avec plus d’humilité ?
Je vois encore des trains de troponines (ndlr : cinétiques de protéines qui signalent un infarctus cardiaque) faites chez des personnes de 95 ans avec des directives anticipées pourtant claires. Dans nos futurs services HAdAS, allons-nous proposer des fractions d’éjection cardiaque et des fonctions rénales selon les besoins de nos patient-es âgé-es ou selon ce que la médecine peut faire ?
Une grosse institution comme Unisanté, plus onéreuse et moins flexible qu’un petit cabinet de groupe interprofessionnel, est-elle la meilleure option pour les Plaines-du-Loup ? Pour accompagner correctement les patient-es dans ce quartier, ne faudrait-il pas construire le lien thérapeutique à moyen/long terme et connaître le/la patient-e et ses valeurs afin de pouvoir discuter avec lui/elle et ses proches aidant-es, le cas échéant, d’un changement de projet de vie ? Est-ce que des médecins assistants qui changent régulièrement peuvent apporter un suivi de soins basé sur la qualité de vie individuelle ?
Nous parlons des défis de demain, mais n’oublions pas les problématiques d’aujourd’hui comme les centres de traitement et de réadaptation (CTR) qui prennent en priorité des patient-es déjà hospitalisé-es sans qu’il n’y ait de places réservées pour les patient-es du domicile, ou certaines assurances qui voient le syndrome de glissement comme un problème social et non une maladie et rechignent dès lors à payer des séjours en CTR. La probabilité que nous soyons un jour âgé-es, fragiles, vulnérables et potentiellement dément-es est grande. Pour atteindre mon rêve pour mes vieux jours, il y a encore du pain sur la planche.
Bien sûr qu’un cabinet de groupe (médecins de famille etc) serait judicieux aux Plaines du Loup mais…il ne faut pas rêver: pour maintenir les patiens-e-s à domicile, voire leur permettre de mourir dans leur lit, il faut que le médecin de famille accepte de faire des visites à domicile, ce qui n’est plus très à la mode selon ce que j’observe!