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Entretien

Médiation animale : un support thérapeutique

Jérôme Michalon est sociologue de la santé, spécialiste des thérapies assistées par l’animal. Il a analysé la manière dont ces pratiques émergeaient, par qui elles étaient promues, organisées, et comment elles venaient donner un nouveau rôle à certains animaux. Entretien avec un homme qui a du chien.

Que retenez-vous des travaux que vous avez menés ?

Que ce soit avec des chiens, des chevaux ou – bien plus rarement – des dauphins, ces approches de soin ont toutes en commun de mettre en lien un animal et un humain atteint dans sa santé physique ou psychique pour lui permettre d’obtenir un bénéfice pour sa santé. Elles confèrent une nouvelle forme d’utilité sociale à l’animal, qui n’est plus seulement un « animal de compagnie » ni seulement une force de travail comme c’est le cas des chiens guides d’aveugles et d’assistance. Il est valorisé pour ce qu’il est, pour son comportement et même son individualité.


Jérôme Michalon, un sociologue qui a du chien. © DR

Peut-on vraiment parler de thérapie ?

Cette question fait toujours l’objet d’un débat au sein de la communauté. C’est pourquoi on parlera plutôt de « médiation animale », une appellation qui regroupe à la fois les « activités associant l’animal » et les « thérapies assistées par l’animal ». Les premières peuvent être pratiquées par n’importe qui, comme un visiteur qui amènerait son chien en maison de retraite, et les secondes par des professionnel-le-s de la santé et du paramédical qui ont suivi une formation complémentaire. Il ne s’agit donc pas d’une profession à part entière mais plutôt, comme dans le cas de l’art-thérapie, d’une spécialisation qui fait intervenir un support de soin spécifique. Ce n’est souvent qu’un prétexte pour entamer des activités plus classiques impliquant une mobilisation des capacités motrices et intellectuelles.

« Les humains se soignent en soignant les animaux. »

Est-ce que ces approches ont fait leurs preuves ?

Des études ont prouvé que ce contact a des vertus apaisantes, de même que des effets bénéfiques sur la santé, notamment au niveau cardiovasculaire. Mais la recherche peine à comprendre la source de ces bénéfices. Est-ce l’animal lui-même ou la relation à l’animal qui procure ces bienfaits ? Il faut dire que la science tente d’évacuer la question de la subjectivité de la relation pour évaluer des traitements, d’où cette difficulté. C’est pour cette raison que je préfère parler de « soin par le contact animalier » car ce sont tout autant les soins prodigués à l’animal par le/la patient-e que le soin à la personne qui sont au centre de la démarche. Les humains se soignent en soignant les animaux.

À lire

Jérôme Michalon, Panser avec les animaux. Sociologie du soin par le contact animalier, Presses de l’École des Mines – Transvalor, 2014.

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