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Introduction

Médecins praticiens : prochaine entrée en jeu ?

Depuis des décennies, la Suisse ne forme pas assez de mé­decins. Avec le départ à la retraite des « babyboomers », l’augmentation démographique et le manque de réactivité de nos autorités pour former plus de médecins, le besoin en médecins praticiens va se renforcer.

© Nicolas Zentner

En 2018, le statut des médecins praticiens s’est nettement péjoré. Ayant moins d’années de formation postgrade recon­nues qu’un·e spécialiste en médecine interne générale formé·e en Suisse, ils facturent à moindres coûts et diverses prestations TARMED leur sont refusées. Leur temps de consultation est, de ce fait, limité à 20 minutes.

Avec l’entrée en vigueur de la Loi sur la prescription de psy­chothérapie, les médecins praticiens ne peuvent prescrire que 10 séances avant de devoir trouver un·e psychiatre contre 30 pour un·e interniste-généraliste. Leurs patient·es, qui paient pourtant la même prime d’assurance-maladie que les autres, n’ont ainsi pas le même accès aux soins en santé mentale. Cette insécurité de suivi engendre du stress chez une patientèle déjà fragilisée.

La qualité de la médecine ne se limite pas au nombre d’années de formation postgraduée effectuées en Suisse. Une anamnèse précise suivie d’un bon examen clinique permettent souvent de poser un diagnostic. Pour les maladies aigües et chroniques, les check-up, le suivi des maladies psychiques, le temps passé en consultation réduisent les coûts globaux de la santé en évitant, entre autres, l’utilisation de médicaments inappropriés ou d’exa­mens onéreux. Est-il judicieux de limiter le temps de consultation des médecins jugés moins formés ? Toutes les formations com­plémentaires comme la médecine manuelle ou psychosociale ne sont accessibles qu’aux médecins ayant un titre reconnu par l’Institut suisse pour la formation médicale postgraduée et continue (ISFM). Est-il judicieux d’empêcher un médecin de bénéficier d’un complément de formation ?

A l’heure où nous prenons enfin conscience qu’il y a plusieurs façons d’acquérir des connaissances et que des passerelles sont proposées de l’école secondaire aux universités, n’est-il pas temps de faire de même en médecine ? Le label proposé par la SVM est une voie simple, réaliste et efficiente pour garantir une qualité et un accès uniformes aux soins. Pour le bien de notre patientèle, j’espère que mes pairs, les politiques et assureurs adhéreront à cette démarche.

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Je suis totalement d’accord avec l’initiative de la SVM. Entre autre je suis médecin Italienne, spécialiste en Chirurgie Vasculaire en Italie-Europe depuis l’année 2005 et je suis médecin praticienne car en 2005 la spécialisation FMH en Chirurgie Vadculaire n’existait même pas et il n’y avait pas l’équivalent!
Je trouve ça extrêmement injuste et maltraitante.
En suisse j’ai travaillé aux HuG et fait de la recherche et publié mon travail. Je continue à faire ma formation continue en médecine interne, en angiologie et en Chirurgie vasculaire depuis 20 ans en Suisse et… je suis toujours le rien aux yeux des Institutions Suisses. Trouvez vous ça juste?
Qu est ce qu’il faut faire encore de plus pour être reconnue pour ce que on est réellement?