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Histoire d’en parler

Se former, pouvoir s’installer et peut-être devoir s’exiler

C’était comment aux 18e et 19e siècles ? Evocation du destin de trois médecins suisses.

Auparavant, pour devenir médecin, on allait étudier à Montpellier, Padoue, Paris, Leyde ou Leipzig. Puis une fois formé selon les critères de l’époque, il fallait bourlinguer en Europe en s’attachant à un médecin réputé, et noter scrupuleusement ce que l’on apprenait. Comme le faisait le médecin et chirurgien lausannois Jean Farcy dans son journal de bord en 1487.

Le chiffre

80
médecins en Pays de Vaud en 1778

On s’installait ensuite comme et où on le voulait, tout en requérant de l’autorité communale ou celle de LLEE (« Leurs Excellences ») de Berne, l’autorisation de le faire. Celle-ci était d’autant plus importante qu’elle s’accompagnait souvent d’un soutien financier, par ailleurs fort disparate. On s’installait plus volontiers à Lausanne, Vevey, Nyon et Yverdon.

Il fallait se faire connaître, puis se distinguer non seulement des autres confrères au nombre de 80 en Pays de Vaud en 1778, mais aussi des 62 « maiges [ndlr : du patois « maidzo », celui qui soigne] et rhabilleurs [ndlr : rebouteux] » vers qui la confiance populaire se tournait de préférence.

 

Trois médecins, trois destins différents

 

Le Dr Auguste Tissot (1728-1797) est un « généraliste » lausannois qui s’intéresse à chacun, pauvre ou riche, lettré ou non, et qui à travers ses observations avisées, propose une médecine du quotidien laissant une grande place au contexte social du malade. Il écrit plusieurs ouvrages dont « L’avis au peuple sur sa santé » (1761), « De la santé des gens de lettres » (1768) et « Les maladies des gens du monde » (1770). Il fait presque toute sa carrière à Lausanne et est reconnu dans toute l’Europe.

 

Le Dr Johann Friedrich von Herrenschwand (1715-1798) est un médecin bernois qui s’installe à Morat (1743-1745) après avoir servi comme médecin au service de la France. Il devient ensuite médecin des Gardes suisses à Paris. Courtisé par les grandes familles européennes, il reprend néanmoins son cabinet à Morat en 1757. Il part au service du roi de Pologne en 1764 puis rouvre son cabinet de Morat en 1768. Sa clientèle s’étend d’Avenches à Berne. Il laisse un volumineux traité de médecine générale en 1788. Un siècle plus tard, on reprend plus facilement un cabinet déjà existant, mais le partage de la clientèle n’est pas évident.

 

Le Dr Franz Peter Emil Veragut, (1841-1875), médecin grison, revient de Leipzig diplôme en poche. Il veut reprendre le cabinet de son père à Thusis. Ne parvenant pas à s’entendre avec lui, il décide en 1871 de rejoindre aux USA ses compatriotes grisons qui ont fondé un bourg, ALMA(WI), au bord du Mississippi. Il ouvre un cabinet de médecine, chirurgie et gynécologie. Il meurt en 1875 du typhus, laissant des concitoyens désemparés.

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