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Histoire d’en parler

Le médecin et les Arts, une source d’inspiration

Du 9e siècle à aujourd’hui, comment les arts se sont-ils insinués dans la pratique médicale ?

Ibn Butlan, médecin arabe du 9e siècle, a commis un traité de médecine qui sera traduit en latin au 15e siècle sous le nom de Tacuinum sanitatis. La danse, la musique, le chant sont décrits comme essentiels au bien-être humain par des miniatures qui mettent en évidence musiciens et instruments, dont un orgue portatif et des trompettes. Il s’agit d’exprimer la joie, meilleure remède à la tristesse, source de maladies.

Dans le Gouvernement nécessaire à chacun pour vivre longtemps en santé de 1600, le médecin d’Henri IV évoque la dépression du vieillard et les moyens d’y remédier : « Il passera son temps à regarder la variété des fleurs, la diversité des belles couleurs […]. Pour délecter l’ouïe, il prêtera l’oreille à la musique des voix et des instruments ».

Tissot, lui, déconseille le chant aux personnes souffrant de malformations thoraciques ou sujettes à des pneumonies. Quant à la danse, elle est prohibée depuis la Réforme et ne saurait être une thérapeutique en terre vaudoise au 18e siècle. Cela changera au 20e siècle et des médecins mécènes soutiendront danseur/euses et ballets.

Exprimer ses maux pour mieux les soulager

Les tableaux en relation avec la médecine sont innombrables : ils peuvent être informatifs comme la « Leçon d’anatomie du Dr Tulp » par Rembrandt (1632) ; motivants, comme Desgenettes s’inoculant la peste à Jaffa (1804) par Gros ; empathiques, comme le Dr Arieta sauvant Goya (1820) ou encore Van Gogh peignant le portrait du Dr Gachet dont le regard perdu fait allusion à sa thèse sur la mélancolie (1890). La peinture est un art essentiel pour permettre de dire la souffrance : Aloïse est bien connue. Mais il y a aussi les innombrables inconnus de l’art-thérapie de Cery dans les années 1980 et un Lausannois qui peignait ses acouphènes pour ne pas les entendre.

La musique reste probablement l’art le plus ancien et son rôle est connu depuis l’Antiquité. De très nombreux médecins l’ont pratiqué. Un des plus connus est Albert Schweizer (1875-1965) qui reconnut dans la musique d’orgue ce souffle divin que la miniature évoquée ci-dessus exprime. Auteur d’un Jean Sébastien Bach, le musicien poète, il acquiert au contact de Münch et Widor une solide formation d’organiste et d’expert en construction d’orgues. Il en joue en pleine brousse, forme quelques élèves et utilise sa réputation de musicien et de philosophe pour recueillir les fonds nécessaires à la pérennisation de son hôpital. La musique stimule sa foi et celle-ci lui permet de soigner son prochain.

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