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Politique

Primes: la FMH assure qu’une augmentation plus faible serait possible

Cet automne, le Conseil fédéral a annoncé une hausse moyenne de 8,7% des primes d’assurance maladie pour 2024. Cette situation irrite la FMH car les coûts de la santé, certes en hausse, n’ont pas explosé. Le Dr Philippe Eggimann, vice-président de la faîtière des médecins, répond aux questions de DOC.

Dr Philippe Eggimann © Laurent Kaczor

Vous attendiez-vous à une telle hausse?

Oui et non. Non, parce que selon l’OFSP, l’augmentation des coûts se chiffrait à seulement 2,6% de plus en 2022 . En plus, cet indicateur ne prend pas en compte la baisse de la valeur du point TARMED (VPT) ni celle du chiffre d’affaires des cabinets médicaux vaudois en 2023. Et oui, car une hausse exceptionnelle était prédite depuis janvier 2023, avant connaissance des coûts réels de 2022. Il semblerait donc que cette hausse compense de moitié les mauvaises performances boursières portées au bilan des réserves des assurances maladie. Et ce alors qu’aucun actif n’a dû être vendu.

Quelle est l’ambiance des négociations à Berne?

Mauvaise. Dominées par des positions dogmatiques, les parties prenantes s’éloignent de la réalité du terrain. Et ce d’autant plus que nous sommes en période d’élections. Le refus d’introduire la nouvelle structure tarifaire TARDOC, soutenue – il faut le relever – par l’ensemble des organisations médicales et la majorité des assureurs, l’illustre bien. Pendant ce temps, la population fait face à une pénurie de médecins, et ces derniers à l’augmentation des charges administratives de même qu’à la réduction du temps de consultation.

Pensez-vous qu’un jour les primes reflèteront mieux les coûts de la santé?

Oui, pour autant que les propositions de la Société Médicale de la Suisse Romande (SMSR), reprises par le président de l’Association des Médecins du Canton de Genève (AMGe) dans un postulat adopté par le Conseil national, soient suivies. Nous demandons que les primes soient déterminées sur la base des coûts réels et qu’elles soient payées sous forme d’acomptes, non plus sur la base d’estimations des assureurs. Dans ce modèle, les partenaires se réunissent et conviennent de l’utilisation des bénéfices ou du financement des pertes éventuelles seulement lorsque les comptes sont clôturés.

Trois réformes pour freiner la hausse des primes

Dans un communiqué daté du 26.09.2023, la FMH a fait savoir qu’une augmentation plus faible des primes serait possible. Toutefois, les trois projets de réformes qu’elle soutient et pouvant contribuer à freiner cette hausse sont toujours en attente d’être examinés ou approuvés par le Conseil fédéral ou le Parlement.

Premièrement, la FMH plaide pour un financement uniforme des prestations ambulatoires et hospitalières et une participation fixe. Elle dénonce la répartition inégale des coûts de la santé entre assureurs et cantons puisque l’entier des prestations non hospitalières est actuellement pris en charge à 100% par les assurances. Ce qui n’est pas le cas des traitements stationnaires dont les frais sont partagés avec les cantons.

Un deuxième projet de réforme portant sur les médicaments suggère de fixer des marges indépendamment du prix. Pour la FMH, augmenter les prix des médicaments bon marché et couramment utilisés afin d’encourager l’usage des génériques permettrait de générer des économies substantielles.

Une troisième mesure consisterait à adopter le tarif médical TARDOC. Son application aurait pour effet de valoriser la médecine ambulatoire et de réguler la tarification des services de santé hors des hôpitaux. L’adoption rapide de ce train de mesures permettrait de contribuer à freiner la hausse des primes, rappelle la FMH. Cela profiterait également aux ménages à faibles revenus, davantage concernés.

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