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Bon pour la tête

Santé artificielle

Le premier dossier de ce numéro passe au crible l’implémentation de l’intelligence artificielle (IA) en médecine. Mais qu’en est-il de la santé ? La santé avec l’IA serait-elle une fake santé ? Le Larousse définit un artifice comme un moyen habile visant à cacher la vérité, à tromper sur la réalité.

L’idéologie sous-jacente à l’IA en médecine est de s’appuyer sur l’evidence based medicine. C’est évidemment nécessaire, mais est-ce suffisant? D’autant que selon l’Académie suisse des sciences médicales, 80% des études publiées dans des revues expertisées ne sont pas reproductibles. Voilà qui est fâcheux.

Rappelons la définition de la santé par l’OMS depuis 2005 : un état de complet bien-être physique, mental et social, ainsi que spirituel. Cela va être très compliqué de définir si ces conditions sont réunies pour un individu donné sur la base des algorithmes de l’IA.

L’intelligence artificielle a toutes les apparences de la conscience, mais elle n’est pas une conscience. Même lorsqu’elle imitera et accèdera à l’intelligence émotionnelle, elle ne restera qu’un programme, si complexe et autonome soit-il. Elle restera marquée par les limitations inconscientes de ses programmatrices et programmateurs ainsi que de leurs idéologies. L’IA a donc un inconscient.

Au-delà des généralités, se recentrer sur l’individu

Y’aura-t-il une santé pour les riches et une pour les pauvres, une pour l’Est et une pour l’Ouest? Peut-être que l’IA pourra donner des standards de santé publique à caractère universel, mais comment accéder à la personne ? Chaque personne étant une singularité, une pièce unique de l’Univers.

La santé est une dimension relative entre l’individu et la culture. Elle est différente pour chacune et chacun. De plus, la santé comporte une dimension relationnelle et existentielle, ce que les cliniciennes et cliniciens savent bien. Les rapports entre la médecine et la santé ne sont d’ordinaire pas simples, et l’IA va y ajouter un nouveau degré de complexité.

Face à la souffrance, à la finitude, au libre arbitre, la santé est une dimension radicalement humaine. Restons vigilantes et vigilants pour que l’éthique de la santé et de la médecine reste en mains humaines !

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