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Médecin en station de montagne

Est-ce bien raisonnable?

Nous aimons notre activité de médecin en station de montagne. Elle est passionnante, gratifiante, variée et se déroule dans un cadre de vie fabuleux. Mais les défis sont nombreux : infrastructure, coûts de fonctionnement, isolement géographique, gestion des flux de patient∙es de passage. Il faut aussi maintenir des compétences spécifiques, au prix d’un investissement personnel majeur.

Plateau technique

Nous sommes actuellement 3 médecins dans notre cabinet qui se situe aux Diablerets, desservant la population de deux communes. Le reste de l’équipe comprend 8 personnes : 2 secrétaires et 6 assistantes médicales. Après avoir repris en 2009 le cabinet du charismatique Dr P. Gertsch, la création de nouveaux locaux en 2012 a été un premier défi. Le développement d’une telle structure sans l’aide d’institutions publiques en fut un autre, nous permettant aujourd’hui d’apprécier une liberté décisionnelle en lien avec la réalité du terrain. Nous avons ainsi la chance de bénéficier d’un outil de travail confortable qui s’apparente à un petit service d’urgences. Nous pouvons traiter et surveiller plusieurs patient·es simultanément, effectuer des actes de petite chirurgie dans des conditions idéales, réaliser des réductions et des immobilisations. Tout le matériel nécessaire y est disponible : installation radiologique, laboratoire, échographie, matériel d’urgence et de réanimation semblable à celui d’un SMUR. Un 4×4 équipé de signaux prioritaires est un atout pour nos fréquentes sorties à l’air frais, visites ou urgences vitales mandatées par le 144, parfois dans des lieux difficiles d’accès.

Gestion des flux et équipe

Un défi supplémentaire consiste à pouvoir absorber les flux des hôtes, sans négliger les malades chroniques de nos montagnes. Il faut adapter les agendas en conséquence, s’occuper sans délai des urgences couchées, gérer les humeurs des athlètes déçu·es semblant parfois considérer le médecin de fond de vallée comme responsable de leur fracture… Finalement, la grande majorité des cas est traitée entièrement sur place, déchargeant ainsi les services d’urgences – souvent au détriment du repas de midi : « midi et quart, heure du brancard ! ». Rien n’est possible sans l’équipe paramédicale polyvalente et aguerrie. Bénéficier de telles compétences en effectif suffisant pour soigner 7j/7 en période touristique est un challenge, d’où la nécessité d’accorder l’énergie nécessaire à leur formation.

Formation, relève et gardes

Le médecin généraliste qui décide de s’installer en montagne doit avoir un intérêt particulier pour la médecine d’urgence, la pédiatrie, la traumatologie, ne pas craindre l’isolement géographique, ni de se mettre en difficulté – l’hélicoptère ne peut pas toujours voler, ni se poser dans tous les jardins. Il n’est pas facile de maintenir ses compétences, quoiqu’entretenues lors des pics d’activité rencontrés en bonne partie pendant les gardes. C’est tout le paradoxe de la charge que représente ces astreintes, propre à nos régions périphériques, et qui fragilise parfois l’équilibre familial, d’autant plus si l’on pratique en couple. Selon certaines personnes, nous sommes une espèce en voie de disparition, non protégée. Le plus grand défi reste l’avenir et la préparation de la relève, car il faudra bien continuer à faire face à une augmentation continuelle de l’activité quatre saisons que nous observons depuis notre installation… Nous accueillons à cet effet des médecins assistant·es, certain·es dans le cadre de programmes de formation en médecine de premier recours soutenus par le canton, ainsi que des médecins stagiaires.

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2 Commentaires
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Chers collègues,
Un seul mot bravo et félicitations à vous tous médecins et à votre équipe d’assistantes médicales et de secrétaire ! Merci pour votre dévouement de tous les jours pour la population locale et de passage, parfois je peux le penser exigeante et je l’espère reconnaissante.
De la part d’un vieux médecin anciennement impliqué dans la coordination des soins d’urgences vaudois préhospitaliers (y compris REMU dans les Préalpes : Leysin, Les Diablerets, Villars-Gryon, Château d’Oex).

Bravo pour votre travail et surtout pour la qualité de votre prise en charge de premier recours dans le domaine orthopédique/traumatologique.
Les diagnostics sont justes et votre attitude thérapeutique est toujours pertinente! C’est un plaisir de pouvoir collaborer avec vous….
Merci