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Favoriser la relève dans les zones périphériques

“Valoriser la médecine de montagne est une question politique”

Le Dr Philippe Dussoix est médecin d’urgence à Genève. Parallèlement, il renforce ponctuellement l’équipe du Centre médical des Diablerets (à lire ici) et prévoit de déménager à la montagne. Il évoque la pénurie de médecins dans les zones périphériques et propose des pistes pour y remédier.

Pourquoi avez-vous choisi de travailler en altitude?

C’est un projet de vie. J’ai fait ma formation dans le but d’être généraliste à la montagne ou à la campagne mais j’ai fini par travailler en ville. En 2016, j’ai fait un mois de remplacement pendant l’été au Centre médical des Diablerets pour confirmer mon intérêt. Depuis, je suis revenu quelques week-ends et ai décidé d’y rester définitivement pour la haute saison, été comme hiver, dès décembre 2023.

Comment le cabinet fait-il face à la demande de soins des résident·es et des touristes?

Mes collègues passent une grande partie de leur vie au cabinet. Sans ça, elles et ils auraient du mal à répondre aux besoins de la population. Ces médecins sont jeunes, mais que se passera-t-il quand elles et ils ne pourront plus suivre ou qu’il faudra remettre le cabinet ? Cela est d’autant plus préoccupant que la nouvelle génération souhaite conserver une activité intéressante tout en travaillant moins.

Quel regard portent généralement les autres médecins sur votre pratique?

J’imagine que c’est surprenant pour certain·es collègues que je puisse avoir envie d’abandonner une place en ville, surtout après 50 ans. D’autant que la médecine de montagne est parfois perçue, à tort, comme de la « bobologie ». Mais c’est un métier très exigeant car il faut être capable de prodiguer les meilleurs soins possibles, y compris à des personnes qui ne souhaitent pas se déplacer pour consulter un∙e spécialiste. C’est vraiment la médecine générale dans toute sa diversité et je continue à apprendre et à repousser mes limites même après 25 ans d’expérience.

A quels obstacles se heurtent les médecins souhaitant travailler à la montagne?

Premièrement, il y a la question du logement. Il nous arrive de recevoir des étudiant·es stagiaires et des médecins-assistant ·es qui parlent de revenir. Mais cela n’est envisageable que pour les personnes venant de la région ou qui ont une résidence secondaire, comme moi. Sinon, il faut faire de la route, à l’image de certains médecins lausannois qui vont renforcer les rangs de l’hôpital de Château d’OEx. Et un autre frein, bien sûr, c’est le salaire. Par exemple, un week-end de garde à la montagne est deux fois moins rémunérateur que dans un centre d’urgence privé.

Comment valoriser la médecine de montagne et la rendre plus attractive?

Une solution consisterait à introduire une rémunération différenciée et à augmenter la valeur du point dans les zones délaissées. Nous pourrions aussi imaginer que les autorités adoptent des mesures de formation spécifiques avec plus de place de stages et d’assistanat entièrement financées par elles en altitude, et qu’elles mettent des appartements de fonction à disposition des médecins en alternance. Mais cette question demeure entre les mains des politiques.

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1 Commentaire
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Bravo pour notre collègue le Dr Dussoix , ayant une résidence secondaire au Diablerets , je suis très reconnaissante à l’équipe du centre médical qui a soigné ma famille à plusieurs reprises pas pour des bobos . Une fois mon petit fils de 2 ans qui a une allergie au noix de cajun , une autre fois ma fille de 40 ans mordu par un chien lors de sa promenade .
Effectivement il faut une bonne formation de médecine générale et urgentiste .
Il faut valoriser leurs travail et considérer ainsi que être médecin à la montagne est de une nécessité social . Encore plus pour les résidents-es et leur rémunérer en conséquence.