Alors que la pénurie est déjà bien réelle, la médecine de premier recours est en plus dépendante de l’apport des médecins formés à l’étranger. Dans le canton de Vaud, 42% des autorisations de pratique délivrées entre 2010 et 2021 en médecine générale l’ont été à des médecins praticiens. Leur titre de spécialiste en médecine interne générale ne peut pas être reconnu en Suisse et leur droit à facturer leurs prestations a été strictement limité par l’intervention TARMED de 2018, rendant leur activité à la limite de la viabilité économique.
Dr Philippe Eggimann
Président de la SVM et de la SMSR, vice-président de la FMH
La SVM et Médecins de famille Vaud (mfv) ont mis sur pied un concept de labellisation des médecins praticiens qui exercent la médecine interne générale. Il vise à permettre aux médecins praticiens remplissant les exigences requises d’attester que leur pratique est identique aux internistes généralistes disposant d’un titre de spécialiste en médecine interne générale délivré par l’Institut suisse pour la formation médicale postgraduée et continue (ISFM), afin qu’ils et elles puissent bénéficier des mêmes droits de facturation (voir figure ci-dessous). Adoptée par l’Assemblée générale de la Société Médicale de la Suisse Romande (SMSR) en 2019, une résolution de l’Assemblée des délégués (AD) de la SVM du 25 juin 2020 préconise la mise en route d’un tel label dans les meilleurs délais. Les autorités cantonales vaudoises et neuchâteloises s’étaient montrées intéressées, mais la pandémie de Covid-19 et les polémiques sur la valeur du point tarifaire ont relégué cette requête au second plan.
Limiter les effets de la pénurie
Un groupe comprenant les présidents des sociétés neuchâteloises et vaudoises de médecine, et ceux de Médecins de famille Suisse (mfe) et de la Fédération des médecins suisses (FMH), tente de relancer la dynamique. La grande majorité des médecins praticiens déjà installés et celles et ceux qui vont les rejoindre ne pourront en effet pas mener en parallèle une activité en cabinet et les compléments de formation exigés pour obtenir un titre ISFM.
Des opérations sont en cours auprès de la Conférence suisse des directrices et directeurs cantonaux de la santé (CDS) dans la perspective de recueillir le soutien des Cantons, ainsi que leurs éventuelles exigences concernant la labellisation des médecins praticiens. Il s’agira ensuite d’entreprendre les démarches auprès des assureurs pour amender les conventions cantonales sur les valeurs de point tarifaires, dont ils sont l’autorité d’approbation.
En parallèle, ce groupe projette d’approcher la Société Suisse de Médecine Interne Générale (SSMIG) en vue de la mise sur pied d’une certification professionnelle susceptible de reconnaître les critères de qualité proposés dans le cadre de ce label. De quoi donner l’impulsion nécessaire pour mettre fin à la discrimination économique et aux restrictions de pratique d’une partie des médecins praticiens injustement pénalisés aujourd’hui.
A l’heure où les professions non médicales développent des formations et certifications en « pratique avancée » orientées vers la pratique médicale, nous espérons que les efforts de certification des médecins praticiens contribuent, en les intégrant ainsi mieux dans le corps médical, à limiter les effets de la pénurie de médecins de premiers recours, dont notre patientèle est la première à faire les frais.
Le chiffre
42%
Des autorisations de pratique délivrées dans le canton de Vaud entre 2010 et 2021 pour des «internistes généralistes » l’ont été à des médecins praticiens.
La pénurie avérée de médecins va rapidement s’aggraver
Nous serons bientôt 9 millions à vivre en Suisse et les personnes atteignant l’âge officiel de la retraite sont plus nombreuses que celles qui entrent dans le monde du travail. Plus de la moitié des prestations en lien avec la santé sont utilisées par le quart de la population âgée de plus de 60 ans et ces proportions vont augmenter rapidement ces prochaines décennies. Plus d’un tiers des propriétaires de cabinets médicaux sont âgés de plus 55 ans, dont près de 25% ont plus de 65 ans. En médecine de premier recours, c’est près d’un tiers des médecins qui a plus de 60 ans et presque un cinquième de ceux encore en activité ont 65 ans ou plus.
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Nicod
8 mois
Est-ce que mes souvenirs sont bons ou n’était-ce pas précisément pour éviter ça que mon titre de spécialiste en médecine générale a été transformé en celui de spécialiste en médecine interne générale ?
Morattel Jean-Paul
8 mois
Bonjour,
Même s’il y a pénurie programmée, j’espère juste que les praticiens devront passer un examen “aussi” contraignant que celui du FMH d’Interniste-Généraliste (qui d’ailleurs ne se fait qu’en anglais… ce qui est un comble pour notre pays de ne pas trouver de traducteurs dans nos langues nationales avec les cotisation qu’on paye à la FMH et le prix de l’examen!!!
Sinon, à quoi bon avoir créé un FMH d’Interniste-Généraliste si une équivalence peut être obtenue avec moins de contrainte!
Oui, il y a manque de médecins de 1er recourt… pourquoi avoir attendu des années avant de réagir et commençons à payer mieux ces médecins en première ligne alors que certains spécialistes gagnent 4-5 fois plus avec des horaires moins contraignant…
La Suisse vide la campagne française et allemande… Il est temps de former plus de monde et obliger un certain nombre d’étudiant de décider de prendre la voie de la médecine générale et surtout d’obliger ceux qui finissent les étude à travailler au moins quelques années pour le canton qui à permis sa formation! Un juste retour!
Avec les meilleures salutations d’un vieux médecin généraliste qui faisait encore 65 heures par semaine et qui se déplaçait à domicile et participait aux gardes de son district!
Vous pensez qu’on nous l’a donné notre diplôme en France?
Ne vous inquiétez pas on a déjà du en passer des examens… et tout “aussi” contraignant que votre précieux FMH.
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Est-ce que mes souvenirs sont bons ou n’était-ce pas précisément pour éviter ça que mon titre de spécialiste en médecine générale a été transformé en celui de spécialiste en médecine interne générale ?
Bonjour,
Même s’il y a pénurie programmée, j’espère juste que les praticiens devront passer un examen “aussi” contraignant que celui du FMH d’Interniste-Généraliste (qui d’ailleurs ne se fait qu’en anglais… ce qui est un comble pour notre pays de ne pas trouver de traducteurs dans nos langues nationales avec les cotisation qu’on paye à la FMH et le prix de l’examen!!!
Sinon, à quoi bon avoir créé un FMH d’Interniste-Généraliste si une équivalence peut être obtenue avec moins de contrainte!
Oui, il y a manque de médecins de 1er recourt… pourquoi avoir attendu des années avant de réagir et commençons à payer mieux ces médecins en première ligne alors que certains spécialistes gagnent 4-5 fois plus avec des horaires moins contraignant…
La Suisse vide la campagne française et allemande… Il est temps de former plus de monde et obliger un certain nombre d’étudiant de décider de prendre la voie de la médecine générale et surtout d’obliger ceux qui finissent les étude à travailler au moins quelques années pour le canton qui à permis sa formation! Un juste retour!
Avec les meilleures salutations d’un vieux médecin généraliste qui faisait encore 65 heures par semaine et qui se déplaçait à domicile et participait aux gardes de son district!
Vous pensez qu’on nous l’a donné notre diplôme en France?
Ne vous inquiétez pas on a déjà du en passer des examens… et tout “aussi” contraignant que votre précieux FMH.