
Ce texte est issu d’un courrier adressé à l’attention des membres du rectorat de l’Université de Lausanne, le 30 mai 2024.
Monsieur le Recteur, Monsieur le Vice-Recteur, cher.e.x.s membres de la Direction de l’Université de Lausanne,
Suite à une rencontre avec le Doyen, le Vice-Doyen et le Directeur de l’Ecole de Médecine, nous nous adressons à vous au nom de l’ensemble des étudiant.e.x.s en médecine de l’Université de Lausanne pour exprimer nos inquiétudes concernant le contexte dans lequel nous évoluons actuellement, c’est-à-dire la pénurie de médecins, le manque de relève, le système de santé poussé à ses limites, etc. Ceci est un véritable appel à l’aide quant à notre futur et à celui de nos patient.e.x.s, aux vu de l’apparent manque de solutions proposées par les différentes instances responsables, telles que l’État de Vaud, le CHUV et l’UNIL.
Premièrement, le manque de médecins est un problème établi, comme l’avait déjà souligné il y a plus de vingt ans le Professeur Sutter [1], ancien Doyen de la faculté de médecine de Genève. Selon les données de 2023 avancées par la FMH, 40.4% des médecins en activité ont été formés à l’étranger, mettant en évidence le manque de médecins formés en Suisse. Ajouté à cela, 1 médecin sur 4 est âgé de plus de 60 ans, ce qui interroge sur la question de la relève dans les années à venir, notamment chez les médecins de premier recours, qui peinent à trouver leurs successeurs.x.euses [2]. La solution proposée par la FMH, et à laquelle nous adhérons, consiste à augmenter le nombre de places de formation, tant au niveau prégradué que postgradué. C’est pour cela que nous vous demandons une augmentation du quota d’étudiant.e.x.s promu.e.x.s en 2ème année (BMed2) dès maintenant.
Nous sommes conscient.e.x.s qu’un des facteurs limitants réside dans des structures insuffisantes ne pouvant accueillir plus d’étudiant.e.x.s ainsi que dans le manque de place de stages afin de garantir une immersion clinique optimale. Cependant, des solutions existent comme l’ouverture de plus de places de stage dans des cabinets de médecine de premier recours qui encouragerait les étudiant.e.x.s à choisir cette spécialité. Une alternative complémentaire consisterait à collaborer avec certaines cliniques privées, comme cela est déjà le cas avec la clinique Bois-Cerf lors des stages de 6ème année. Nous pourrions également soulager certains services en facilitant l’accès à des cabinets de spécialistes. Cela instaurerait une cohérence avec le système de santé suisse, qui repose en partie sur ces différentes institutions (hôpitaux universitaires, cabinets, cliniques…), et permettrait aux étudiant.e.x.s de mieux connaître les établissements dans lesquels iels pourraient travailler un jour.
Lors du dernier Conseil de Faculté de la FBM datant du 26 mars 2024, nous avons constaté un manque palpable de propositions concrètes et de stratégies de la part de l’UNIL afin de faire face à la situation actuelle. Bien que nous n’ayons pas encore atteint un point de non-retour, il est indéniable que la situation devient de plus en plus préoccupante. Cette lettre vise donc à montrer la profonde inquiétude des étudiant.e.x.s face à cette problématique, mais surtout notre fort désir de trouver des solutions efficaces et durables. Nous sommes las de la répétition des mêmes discours depuis des années, alors que de nombreuses instances représentant les professionnel.le.x.s de la santé (FMH, SVM etc.) nous mettent en garde depuis longtemps.
Nous reconnaissons que des changements significatifs (réforme du Master, projet d’une filière de type du «Md-GP» etc.) ainsi que de nombreuses discussions entre le Rectorat, le Décanat et l’École de Médecine, sont déjà en cours. Nous tenons à souligner notre reconnaissance à cet égard.
Cependant, nous avons l’impression que la responsabilité est constamment renvoyée entre l’État de Vaud, l’UNIL et le CHUV, sans que des mesures concrètes ne soient véritablement appliquées. Les étudiant.e.x.s sont plus que jamais engagé.e.x.s dans ce mouvement et nous souhaitons collaborer main dans la main pour changer le cours des choses et préparer un avenir propice à la relève de nos aîné.e.x.s, ainsi qu’à notre propre pratique future.
Dans l’attente de votre réponse, nous vous adressons, M. le Recteur, M. le Vice-Recteur, cher.re.x.s membres de la Direction de l’UNIL, nos salutations les meilleures,
Simon Golay, Présidente de l’AEML, et Adrien Genton, Responsable de volée MMed2
Références
[1] https://www.revmed.ch/revue-medicale-suisse/2002/revue-medicale-suisse-2397/nombre-de-medecins-en-suisse-une-serieuse-penurie-nous-attend
[2] https://www.revmed.ch/view/421285/3659587/RMS_620_1686.pdf
Lire la réaction du Dr Paul Wiesel dans l’article du 11.11.2024 paru dans le 24 heures- avec lien vers l’article (payant) : https://www.24heures.ch/lappel-a-laide-des-etudiants-en-medecine-egratigne-lunil-702578117718