Cri d’alarme d’un médecin généraliste

05.05.20 | Proposé par: Sébastien Diez

Mesdames, Messieurs,

J’espère que vous vous portez tous bien, chers confrères et amis !

Je suis assez atterré par la lettre du Médecin Cantonal du 01.05.20 nous faisant croire qu’obtenir les masques à prix coûtant soit un réel privilège octroyé aux médecins .

Médecin généraliste indépendant seul dans mon village, resté ouvert tous les jours depuis le début de cette crise, ayant participé au centre Covid de Nyon, je ne me sens pas vraiment valorisé, compris et écouté en lisant cela.

Comme je vous l’avais déjà écrit au début de cette crise, j’attendais impatiemment les mesures de protection distribuées directement aux cabinets médicaux, qui ne sont jamais arrivées (il fallait perdre 2 h pour aller les chercher a Morges au début… et ce n’était que 50 pauvres masques chirurgicaux), j’attendais que la presse relaye des informations intéressantes pour la population (les infos étaient partielles, mes patients pensaient que TOUS les cabinets médicaux étaient fermés ), j’attendais des ordres clairs, précis et stables émanant d’une instance compétente (en pratique , nous avions des infos cantonales (différentes entre Genève et Vaud), fédérales, de l’OMS, des scientifiques, qui ne se recoupaient pas forcement…) Cela a malheureusement conduit les cabinets médicaux de premier recours a une baisse de 50 % de leur activité..

Pour se procurer quelques masques, quelques gants, il fallait faire des kilomètres chaque semaine et fermer son cabinet, et maintenant, on veut nous faire croire qu’on nous fait une fleur en nous faisant payer le matériel à prix coûtant… De qui se moque t-on ?

Nous avons commencé la guerre sans armes et maintenant que les armes sont livrées , le soldat doit se les acheter ???!!!

Les médecins généralistes de Premier recours qui ont bataillé dur depuis deux mois ont besoin de vrais remerciements, d’actes concrets, de monnaie sonnante et trébuchante, mais en aucun cas d’une espèce de mépris de ce type là.

Je me sens un peu comme un soldat ayant perdu une jambe à la bataille et à qui on tape sur l’épaule et on accroche une médaille à l’uniforme, mais finalement , avec aucune aide concrète derrière…

Je m’adresse à vous, Société Vaudoise de Médecine, car je suis persuadé que vous œuvrez de toutes vos forces afin d’améliorer notre quotidien et la prise en charge de nos patients, et que vous arriverez à faire remonter ces impressions, ces sentiments, ce malaise, auprès des autorités.

En vous souhaitant à tous une excellente journée, et en vous remerciant encore pour votre écoute.

Sincères salutations confraternelles et amicales.

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