HRC, un modèle à la croisée des chemins

15.06.20 | Proposé par: Dr Philippe Eggimann

La valse désenchantée des millions !

Alors que son personnel a admirablement fait face à la crise Covid-19, que de souffrances là aussi. Laboratoire d’une réorganisation hospitalière volontariste s’érigeant garante de la bonne utilisation des fonds publics, le tsunami financier est à la hauteur des désillusions.

Menée au pas de charge à coup de centaines de millions, la fusion de cinq institutions au sein de l’HRC est une prouesse technico-administrative. Malheureusement, le fleuron chablaisien souffre d’un déficit structurel pérenne de plusieurs dizaines de millions.

Pour la SVM, ce n’est malheureusement pas une surprise. Alertés par les groupements régionaux et celui des médecins hospitaliers, cela fait plusieurs années que nous demandons que leurs points de vue soient pris en compte.

Le constat est cruel, il n’est pas possible pour une direction, même forte du soutien indéfectible de son autorité de tutelle, de pérenniser l’activité hospitalière sans un minimum de considération pour son personnel et de concertation avec son corps médical[1].  Puisse cette douloureuse expérience éviter à d’autres d’en passer par là.

Quelle gouvernance hospitalière ?

La LaMal prévoit que le financement de l’activité hospitalière par les forfaits DRG peut être complété par des prestations d’intérêt général (PIG) pour, entre autres, compenser les déséquilibres régionaux[2].

Dans le canton de Vaud, les PIG représentent moins de 5% du budget des hôpitaux indépendants reconnus d’utilité publique, de 10 à 15% des hôpitaux autonomes de droit public, et elles dépassent 30% au CHUV qui est un service de l’Etat[3].

Pour la SVM, la démission du directeur général de l’HRC Pascal Rubin et la nomination ad interim du Prof. Pierre-François Leyvraz pour lui succéder ne résolvent pas le problème de fond. C’est l’analyse détaillée des raisons de la survenue de difficultés financières importantes tant à l’HRC qu’à l’HIB, désormais sous audits, qui doit permettre d’alimenter le débat sur la gouvernance des hôpitaux vaudois et leurs statuts : maintien, voire retour de leur autonomie ou transformation en services de l’Etat, dont le budget global dépasserait alors celui de tous les autres réunis.

Dr Philippe Eggimann, président de la SVM

NB: cet article est également paru sous forme d’éditorial dans le Courrier du médecin vaudois (CMV) n° 3/2020

 

[1] « L’équation hospitalière : un système de soins en quête de sens », CMV septembre 2018

[2] B Trezzini. Plus de clarté dans l’opacité des prestations d’intérêt général. https://bullmed.ch/article/doi/bms.2019.17983

[3] https://www.bag.admin.ch/bag/fr/home/zahlen-und-statistiken/zahlen-fakten-zu-spitaelern/kennzahlen-der-schweizer-spitaeler.html

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