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Les psychiatres dans la fiction

Entre caricature et attraction

Les psychiatres ont connu de multiples représentations au cinéma au début du 20 e siècle. Le psychiatre Irving Schneider s’est penché sur l’histoire de ces représentations. Selon lui, si la psychiatrie et le cinéma ont développé une affinité particulière, c’est qu’ils partagent cet attrait pour la description des comportements humains en général et de la déviation de la norme en particulier.

Les psys (médecins ou psychologues) pullulent à l’écran parce qu’ils et elles interrogent la psyché humaine et permettent ainsi plus de facilités scénaristiques qu’un-e dermatologue ou un-e ophtalmologue. La représentation des psychiatres prend des formes différentes. Bienveillant-es, manipulatrices et manipulateurs, ridicules et impuissant-es à soigner leurs patient-es, ou encore dangereuses et dangereux psychopathes, elles et ils suscitent des émotions tranchées.

Une variété de profils

On peut grossièrement diviser les psychiatres à l’écran en plusieurs catégories : l’excentrique, aussi dérangé-e que ses patient-es, comme dans les films du début du 20 e siècle. Ou encore le psychopathe, comme le Dr Robert Eliott dans le film Dressed to kill (1980) ou le Dr Hannibal Lecter dans Le Silence des Agneaux (1988), qui tient le spectateur en haleine. Imprévisible et fou, il fascine.

D’autres films présentent le ou la psychiatre en tant qu’expert-e ayant une approche clinique irréprochable mais peu empathique, comme dans Psychose (1960) où celui-ci apparaît dans la toute dernière scène. Il fait une brillante démonstration du trouble psychiatrique dont Norman Bates souffre. On trouve aussi d’intéressantes représentations de psychiatres perspicaces, disponibles, chaleureuses et chaleureux. Si certain·es peuvent dépasser les limites imposées par la profession, comme le personnage de Jimmy Laird joué par Jason Segel dans la série Shrinking (2023) avec également Harrison Ford, d’autres films ou séries mettent en scène des psychiatres bienveillant·es et humain·es, aux prises avec des problèmes banals de la vie quotidienne comme dans la série En Thérapie.

Et nous n’avons pas encore parlé des femmes psychiatres qui ne représentent que 30% des psys à l’écran ! Elles sont souvent représentées comme étant plus fêlées que les hommes et deviennent fréquemment l’amante de leur patient. Heureusement, certaines échappent à ce jeu de séduction. Dans la série Les Soprano (1999-2007), la Dre Jennifer Melfi, la psychiatre de Tony Soprano, s’efforce de traiter les problèmes psychiatriques du chef de gang sans se laisser impressionner.

Impact des représentations sur la patientèle

Sur petit et grand écran, l’image de la profession est calquée sur son miroir social, souvent stéréotypée. Cela expliquerait-il en partie le peu d’enclin des jeunes médecins à choisir cette profession ?

Les représentations à l’écran ont aussi un impact sur la décision des patient·es de venir ou pas en consultation. De nombreuses réticences persistent malgré tout concernant le fait de consulter. D’ailleurs, on utilise souvent des périphrases telles que «finir chez le psy», «voir quelqu’un» ou «être suivi par quelqu’un». Ainsi, une représentation de la profession bienveillante, nuancée et respectueuse des personnes atteintes dans leur santé mentale contribue à déstigmatiser la profession et peut améliorer l’accès aux soins de cette patientèle.

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