…ou intelligence augmentée?

Quelle actualité pour ce DOC ! Peu de temps après l’appel à un moratoire pour la recherche sur les nouvelles générations d’intelligence artificielle (IA) par des expertes et experts du monde entier, votre magazine entre dans la danse de la réflexion critique.

Nous avons toutes et tous été surpris-es par la rapidité de l’arrivée dans l’espace public de cette nouvelle technologie qui se répand comme une traînée de poudre dans tous les champs de l’activité humaine. L’IA des dernières générations opère une véritable révolution technologique qui nous fascine et nous effraie à la fois.

Côté fascination, il y a cette formidable puissance d’accès à la connaissance globale, et aussi cette capacité instantanée à produire des textes et des images d’une qualité remarquable. Cognitivement bien meilleure que n’importe quel cerveau individuel, l’IA offre une véritable extension de l’intelligence humaine, un outil aux potentialités encore inimaginables.

Mais côté frayeur, il y a cette crainte de perdre le contrôle, comme dans un mauvais film de science-fiction, avec tous les risques de dérapage liés à son autonomie et à la dépendance aux super-industries qui en tirent les ficelles. Pourra-t-on trouver les pare-feux pour vérifier et authentifier les informations ?

Tout cela impacte fortement la médecine et sa pratique contemporaine. L’IA provoque un début de crise en médecine. Et qui dit crise dit à la fois risque et chance. Chance d’améliorer et d’accélérer l’accès à la connaissance clinique et scientifique dans tous les champs des spécialités médicales, mais risque de s’inféoder à une puissance technologique inhumaine qui nous échappe, potentiellement à risque pour nos patientes et patients.

Le présent dossier vous offre un vaste panel d’articles faisant le point sur les multiples enjeux de l’application de l’IA en médecine. Vous y trouverez notamment des études de cas et témoignages dans diverses spécialités telles que la cardiologie, radiologie, oncologie, orthopédie et psychiatrie où le potentiel de développement technologique est particulièrement marqué, les recommandations des autorités confrontées à un début de régulation, sans oublier les aspects éthiques ainsi qu’un indispensable avis de droit sur l’épineuse question de la responsabilité.

Comme vous le constaterez sous la plume unanime de nos autrices et auteurs, nous sommes entré-es avec l’IA dans l’ère du dialogue de l’homme et de la machine en médecine. Avec une conclusion unique : la médecine est une science humaine, et l’humain doit garder le contrôle sur la machine.