Le quotidien clinique montre une image alarmante : l’insatisfaction et le stress sont les conséquences du déséquilibre entre charge et repos, les problèmes psychiques et physiques en sont les symptômes. En 1996 déjà, on faisait état d’un taux élevé de suicides chez les médecins. En Suisse, leur taux de dépression et de burn-out est en constante augmentation.
Une enquête menée en 2019 auprès des membres des Jeunes médecins de famille suisses (JHaS) révèle notamment que 49% des médecins interrogés font état de niveaux de stress élevés. Près de deux médecins sur dix (17%) ont déjà connu un burnout ou une dépression . Dans le quotidien clinique, les longues journées de travail des médecins sont encore rallongées par une charge administrative importante. Les formations continues sont délibérément programmées pendant les pauses et les week-ends afin de ne pas impacter le temps alloué au traitement des patientes et patients. Les modèles de travail à temps partiel ne sont guère proposés dans de nombreux endroits.
Une charte établie par la FMH
La FMH est active dans le domaine de la santé des médecins depuis une dizaine d’années. Les offres déjà existantes en la matière sont coordonnées au sein d’un groupe de travail et valorisées auprès du corps médical. En 2022, la charte sur la santé des médecins a été présentée, un premier pas vers un avenir plus sain pour nos médecins.
Seule une petite partie des médecins concernés fait appel à une aide professionnelle, la peur de la stigmatisation ou les problèmes d’autorisation de pratiquer constituant encore trop souvent un obstacle. Outre l’amélioration des conditions de travail, des offres à bas seuil pour les médecins en difficulté sont importantes et nécessaires.
ReMed, réseau de soutien pour médecins en crise
La santé du médecin est au centre des préoccupations de ReMed, avec une attention particulière pour les risques spécifiques à la profession et la prévention. Dans le cadre d’une (première) consultation, ReMed prend contact dans les 72 heures avec le confrère ou la consœur en quête de conseils, tente de comprendre la problématique et propose des solutions. Lors de l’entretien avec le médecin demandeur, une analyse de la situation est effectuée et les mesures ultérieures sont définies et décidées en commun. Pour les éventuelles étapes suivantes, ReMed met le médecin demandeur en contact avec des spécialistes de la prise en charge continue selon les offres régionales existantes.
Au cours des douze dernières années, l’équipe de ReMed a conseillé, accompagné et soutenu environ 1’500 médecins dans le cadre de ses prestations de soutien – et elle continuera à le faire. La santé des médecins est et restera un thème central. En 2022, le réseau a reçu plus de 250 demandes de conseil. Les services sont donc plus demandés que jamais, représentant une augmentation de 33% des prises de contact par rapport à l’année précédente. Comme c’est le cas depuis plusieurs années, la problématique du « stress au travail » a été le motif prioritaire de consultation, suivi de près par les problèmes de « dépression », de « burn-out » et d’« anxiété ».
Pour ReMed, il est toujours important de prendre du recul sur son propre travail et de continuer à le développer. Ainsi, une évaluation externe a eu lieu en 2016 et une étude prospective de cas réels de consultation a été réalisée en 2021. Une très large majorité des personnes qui ont répondu (92%) ont trouvé le temps de réaction (très) bon, 98% estiment que les possibilités de prise de contact sont (très) bonnes. L’offre a aidé (en partie) 95% des médecins en quête de conseils. Les résultats de l’étude prospective montrent une image tout à fait positive, avec une (très) bonne évaluation de la qualité structurelle par 97% des personnes sondées, la qualité des processus étant plébiscitée à 90% et à 82% pour la qualité des résultats.
Références
B. Buddeberg-Fischer et al., „Arbeitsstress, Gesundheit und Lebenszufriedenheit junger Ärztinnen und Ärzte: Ergebnisse einer Schweizer Longitudinalstudie“, 2008.
S. Lindeman et al., „A Systematic Review on Gender-Specific Suicide Mortality in Medical Doctors“, The British Journal of Psychiatry: The Journal of Mental Science 168, n° 3 (Mars 1996): 274–79, https://doi.org/10.1192/bjp.168.3.274.
F. Arigoni, P A Bovier & A P Sappino, „Trend of burnout among Swiss doctors“, 2010.
Fanny Lindemann et al., „Assessing the Mental Wellbeing of next Generation General Practitioners: A Cross-Sectional Survey“, BJGP Open 3, N° 4 (1er décembre 2019), https://doi.org/10.3399/bjgpopen19X101671.
Clare Gerada, „Doctors, Suicide and Mental Illness“, BJPsych Bulletin 42, n° 4 (août 2018): 165–68, https://doi.org/10.1192/bjb.2018.11.
excellente initiative !!
anonyme ,sans jugement,factuelle ,24h/24
mais pas suffisante ,visiblement..
à une époque ou les médecins ,surtout les jeunes médecins se sentent de plus en plus seuls…
il manque dans les hôpitaux ce système de mentoring ,d’acompagnement de jeunes par des plus vieux médecins ,d’échange trans-générationel et trans-culturel empathique et sans aucun jugement de valeur ,juste un sorte de guide d’appui sur le chemin difficile du devenir un médecin compétent et émotionnellement mature.
Je me rappelle il y a 35 ans ,au début de ma carrière en tant que femme anesthésiste ,beaucoup de mes collègues plus agés m’ont aidé ,entouré, encouragé et m’ont donné leurs outils précieux pour réussir « à naviguer » dans le monde hospitalier si compliqué!
à notre tour ,maintenant ,on se doit d’aider les plus jeunes!!
â notre tour nous devons transmettre ce savoir vivre et travailler dans des structures complexes ,face au défis compliqués!!
transmettons notre enthousiasme à nos jeunes car ce sont eux qui vont nous soigner bientôt et s’ils sont en souffrance ,nous le serons aussi…
courage !!et bon vent
dr De Antoni