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Direction médicale et organisation du travail

“Le temps n’est pas élastique et la charge de travail est là”

Comment améliorer les conditions de travail et de formation des jeunes médecins et préserver l’autonomie organisationnelle des médecins cadres ? Un défi de taille selon le Dr Laurent Christin, médecin chef coresponsable du service de médecine interne et des soins intensifs et directeur médical du Groupement hospitalier de l’ouest lémanique (GHOL).

(crédit photo : Cédric Sandoz)

 

Même si des progrès sont relevés, il apparaît dans notre dossier que la condition des jeunes médecins (médecins assistant-es et chef-es de clinique) dans les hôpitaux vaudois n’est pas encore réjouissante dans la pratique. Qu’en est-il au GHOL ?

Il est difficile de respecter à la lettre toutes les consignes de la convention collective de travail (CCT), en particulier parce que le temps n’est pas élastique et la charge de travail est là. Dans le service de médecine interne, par exemple, on estime qu’un-e jeune médecin consacre une heure de travail par jour et par patient-e. Les temps de pause, de formation théorique et pratique doivent être intégrés dans ce total quotidien. La seule dimension modulable est le temps consacré à l’enseignement ; nos visites deviennent de plus en plus pragmatiques, logistiques et organisationnelles.

 

Plusieurs auteur/trices relèvent comme l’une des causes du problème la surcharge des médecins cadres à qui on demande d’être à la fois des clinicien-nes, des chercheur/euses, des managers et des formateur/trices. Partagez-vous cet avis ?

Les médecins cadres ont tout intérêt à s’impliquer dans la gestion de leur service afin de façonner leur outil de travail. Je ne pense pas que ces tâches doivent être déléguées, ni qu’un-e chef-fe de service puisse uniquement effectuer un travail de clinicien-ne. Dans ma conception, un médecin cadre responsable doit répondre à tout moment aux besoins de toutes les dimensions de son service.

 

Que fait la direction médicale du GHOL pour à la fois améliorer les conditions de travail des jeunes médecins et permettre aux médecins formateur/trices de remplir leur mission correctement ?

La qualité de vie au travail des jeunes médecins nous préoccupe ; nous nous efforçons de respecter au mieux les consignes de la CCT, même si celles-ci sont parfois mal vécues par certain-es d’entre eux. Elles conduisent notamment à subdiviser le temps de travail – pour les gardes du weekend notamment –, ce qui n’est pas forcément mieux pour leur qualité de vie. Quant aux médecins cadres, c’est à elles/eux de se répartir les tâches qui leur incombent. Au GHOL, nous sommes passés d’un à quatre médecins cadres en médecine interne en vingt ans. Chacun-e d’entre elles/eux assume sa part dans l’organisation et la bonne marche du service et la mission formatrice.

 

Quelles seraient les pistes d’amélioration envisageables, applicables également dans les autres hôpitaux ?

Les médecins actuellement en formation aspirent à travailler moins que leurs aîné-es. Il va donc falloir imaginer des systèmes pour diminuer le temps de travail (le temps partiel par exemple). Si les choses devaient changer également pour les futurs médecins cadres, ils devraient alors sacrifier une certaine autonomie organisationnelle en délégant des tâches à des gestionnaires.

 

Propos recueillis par la rédaction

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