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Sondage SVM

Médecins en formation attachés à leur liberté d’orientation

Un peu plus de 200 étudiant-es en médecine vaudois-es ont pris part à un sondage mené entre décembre 2022 et janvier 2023 par la SVM visant à évaluer la notoriété de Réformer auprès des médecins en devenir. Compte-rendu et positions des principales intéressées, l’AEML et l’ASMAV.

Près de 80% des répondant-es au sondage n’avaient pas encore entendu parler de Réformer. Parmi les autres, une large majorité a un avis négatif voire très négatif à son égard. La menace de restriction du libre choix d’orientation professionnelle en est le motif le plus fréquemment évoqué. Pas moins de 9 sondé-es sur 10 estiment que les médecins en formation doivent conserver cette liberté.

Avez-vous déjà entendu parler du projet Réformer (réorganisation de la formation postgraduée en Suisse romande)?

Près de la moitié des répondant-es pense même que sa spécialisation ne doit pas être orientée en fonction des besoins actuels en personnel médical des différentes régions et spécialités. Et ce bien que la relève ait conscience du problème: «L’objectif final est important car redistribuer plus équitablement les praticiens est nécessaire afin d’éviter de se retrouver dans des situations comme les déserts médicaux en France par exemple», reconnaît un-e sondé-e. C’est la voie choisie pour tenter d’y parvenir qui laisse sceptique.

Selon le panel consulté, une orientation de carrière contrainte pourrait conduire à une perte de motivation et des départs susceptibles de diminuer encore le nombre de médecins en activité formés en Suisse. Des perspectives qui nuiraient à la qualité des soins et à l’attractivité de la profession. «L’intérêt et l’épanouissement dans le travail sont capitaux pour être capable d’écouter et de s’engager en faveur de ses patients dans un métier qui est déjà émotionnellement et physiquement prenant», commente ainsi un-e étudiant-e.

Si près de deux tiers des sondé-es affirment avoir déjà une idée précise des spécialités médicales vers lesquelles ils souhaitent s’orienter, moins d’un tiers serait prêt à poursuivre sa carrière dans une autre spécialité que celle(s) pour laquelle/lesquelles il aurait initialement opté. «A la place de forcer une formation pour pallier un manque, il faudrait revaloriser la spécialisation concernée», conclut un-e des répondant-es.

Etudiant-es en médecine sceptiques vis-à-vis de Réformer

Comme le démontre le présent sondage, les étudiant-es en médecine de l’UNIL sont très majoritairement opposé-es à cette réforme de la formation post-graduée.

Si une meilleure répartition géographique et entre spécialités du corps médical serait effectivement souhaitable, les étudiant-es s’inquiètent d’une perte de liberté de choix de carrière en cas d’orientation contrainte, ainsi que de la baisse de productivité et de motivation que cela engendrerait. La plupart s’investissent dans leur formation avec déjà une idée précise de la spécialité qu’ils et elles souhaitent exercer à terme. Comment dès lors leur faire accepter en cours d’études que leur projet ne pourra finalement pas aboutir pour des raisons de quotas? Et comment continuer à assurer l’attractivité de ces études déjà si sélectives et exigeantes? Devoir pratiquer dans une spécialité non désirée pourrait augmenter le nombre de burn-out, de démissions et de retraites anticipées, par manque d’intérêt et d’implication. Cela pourrait finalement accroître les pénuries existantes et impacter la prise en charge des patient-es.

Dans son esprit, le projet Réformer ressemble au système de numerus apertus mis en place en France. Une voie qui ne règlera pas durablement la question du manque de médecins, au contraire. Les étudiant-es semblent s’accorder à dire qu’il s’attaque maladroitement aux symptômes plutôt qu’aux causes profondes du problème. Au lieu de restreindre les libertés des jeunes s’engageant dans de telles études, ne serait-il pas plus intéressant de chercher à revaloriser les spécialités en sous-effectif et former davantage de médecins pour combler ce manque et répondre aux besoins de la population ?

Le comité de l’Association des étudiantes en médecine de Lausanne (AEML)

Qu'en pensent les médecins-assistant-es et chef-fes de clinique ?

S’agissant d’un projet touchant plusieurs cantons, c’est l’Association suisse des médecins-assistant-es et chef-fes de clinique (ASMAC), qui représente les intérêts des médecins en formation dans toute la Suisse, qui a été approchée par la direction de Réformer pour participer aux différents groupes de travail autour de la mise en œuvre du projet. Les sections cantonales, dont l’ASMAV au niveau vaudois, sont donc associées au projet, dans le cadre interne de leur association faîtière.

L’ASMAC a développé sa position sur ce dossier dans son journal de décembre 2022 . De manière générale, l’ASMAC se montre très critique à l’égard du renforcement du contrôle de l’Etat sur la formation continue ainsi que du pilotage et de la limitation croissants des places de formation continue. En même temps, elle a considéré qu’il était important d’avoir un aperçu et un droit de regard sur un projet qui se déploiera indépendamment de sa volonté. C’est pourquoi, depuis l’été 2020, l’ASMAC est représentée au sein du Conseil stratégique de Réformer. De plus, elle s’engage pour que les médecins en
formation post-graduée soient représentées dans les différents groupes de travail thématiques et spécialisés du projet et qu’ils et elles puissent y faire valoir les intérêts des jeunes médecins.

L’ASMAC continuera à suivre l’évolution aussi étroitement que possible afin de protéger les intérêts des médecins en formation post-graduée.

Le comité de l’Association suisse des médecins assistant-es et chef-fes de clinique Section Vaud (ASMAV)

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