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Témoignage cardiologie

Réformer : boule de cristal ou boîte de Pandore ?

Avec la réorganisation de la formation post-graduée couplée à la limitation de droit de pratique, ne se lance-t-on pas dans une forme de voyance, voire une navigation à l’aveugle ?

DR

La cardiologie vaudoise est représentée par environ 70 médecins installés – certains en pratique privée et d’autres associés à une pratique hospitalière – ainsi qu’un service universitaire où l’on trouve environ 15 médecins cadres, 10 chef-fes de clinique et une douzaine d’assistant-es en formation. Il n’y a actuellement pas de pénurie si l’on tient compte du canton dans sa globalité, mais une répartition très disparate suivant les régions.

Une situation qui évolue, mais dans quel sens ?

Réformer a pour objectif, certes louable, de vouloir assurer un plan de formation post-gradué à toutes et tous les assistant-es en formation. Concrètement, cela veut dire que si l’on régule le nombre d’assistant-es formé-es à la base et tenant compte d’une durée de formation minimale de six ans (mais allant plutôt dans les dix ans), on a une vision claire du nombre de cardiologues à former pour dans dix ans. Or, les paramètres régissant le nombre des cardiologues en activité sont multiples avec un âge de départ à la retraite variable, un taux de travail variable, des raisons personnelles pouvant conduire à une cessation précoce d’activité… Et ceci non seulement pour le canton de Vaud mais pour toute la Suisse romande, les hôpitaux universitaires formant des médecins appelés à s’installer dans d’autres cantons.

De plus, la démographie du canton est en perpétuelle évolution et la nécessité en médecins de différentes spécialités va forcément évoluer au cours des années à venir. Au vu de ces éléments, lorsque l’on constatera une pénurie, il pourrait bien falloir entre cinq et dix ans pour la résorber.

« Choisis un métier qui te plaît ! »

Enfin, Réformer va à l’encontre d’un des paradigmes que l’on répète aux enfants et adolescent-es actuellement : choisis un métier qui te plaît ! Et choisir un métier qui plaît, c’est aussi choisir un environnement de travail. Le risque est donc grand d’imposer une formation ou un lieu de travail à un médecin et d’aller à l’encontre de son libre choix.

Bien sûr, il faut trouver un moyen de promulguer la médecine de premier recours auprès de nos jeunes collègues, la situation de nos collègues généralistes et pédiatres étant de plus en plus inquiétante avec de nombreux départs à la retraite qui ne sont pas remplacés. Mais ce qui est certain, c’est que Réformer, dans sa forme actuelle, n’apportera pas de réponse à ce problème. En effet, ce projet est bien trop déconnecté de la réalité du terrain et du monde médical, avec une vision où le corps médical n’aurait aucun moyen d’exprimer ses besoins et d’influer sur sa carrière.

Le chiffre

70
cardiologues installé-es dans le canton de Vaud

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