Bilan du Président de la SVM

A nouveau une année sans beaucoup de répit, au terme de laquelle il est malheureusement impossible de se montrer exhaustif concernant  tout ce que la SVM a été amenée à aborder. Je voudrais cependant évoquer quelques éléments marquants.

Tout d’abord, je veux saluer ici l’engagement constant et sans faille du secrétariat général, sous la conduite de son Secrétaire Général M. Pierre-André Repond. Il permet à notre association d’assurer la continuité dans les nombreux services aux membres, mais aussi de proposer de nouvelles formes de communication et d’accès à l’information tels qu’un site web renouvelé, un blog ou encore un Courrier du Médecin Vaudois qui a fêté dignement ses 30 ans en 2018.

L’année 2018 est marquée par la prise de conscience que notre système de santé, qui est certes coûteux, reste l’un des meilleurs au monde [1], et que le corps médical doit désormais faire entendre sa voix pour tenter de maintenir sa qualité et son accessibilité [2].

Dépositaires de la liberté thérapeutique, plébiscitée par la population qui place toujours le libre choix du médecin et de l’hôpital en tête de ses aspirations, les médecins réalisent qu’ils se situent au cœur du système de santé. Dans cette perspective, il est essentiel de comprendre que certaines mesures discutées au Parlement et par les cantons se traduiront par un rationnement des soins, comme dans les pays qui nous entourent [3]. Ce ne doit pas être aux médecins d’en assumer la responsabilité, mais bien à nos autorités et à nos parlementaires qui en sont à l’origine.

Répondant aux polémiques stériles sur le revenu prétendument excessif des médecins, alimentées par des experts (dont le Conseiller fédéral en charge du DFI, pourtant Dr en économie) qui font mine de le confondre avec le chiffre d’affaires [4], nous avons pu démontrer en 2018 qu’une fois les différentes charges prises en compte, le revenu des médecins indépendants ne représente que 6,5% des primes d’assurance maladie obligatoire [5]. La volonté des acteurs d’ignorer les causes réelles d’une hausse des primes qui s’avère supérieure à celle des coûts, pour en rejeter la faute sur le corps médical, est féroce et occupe largement l’espace public [6].

C’est dans ce climat difficile que les obstacles se multiplient, rendant l’exercice de la profession de plus en plus compliqué [7]. Restriction sans concertation des autorisations de pratique et à charge de l’assurance maladie, ayant occasionné de nombreuses procédures, sans perspective d’amélioration de la situation à court terme [8]. Application autoritaire des recommandations en lien avec l’hygiène hospitalière et l’organisation du travail dans les cabinets médicaux [9].

Offensive des assureurs, qui non contents d’exiger sans justification véritable, avec la complicité des autorités, une baisse continue de la valeur du point, instaurent des contrôles systématiques des factures en multipliant les demandes de justifications, alors que les cas de surfacturation avérés et surmédiatisés se comptent sur les doigts de la main.

Dans ces conditions, alors que tous s’accordent sur une pénurie déjà manifeste, aussi bien de médecins de premier recours que de spécialistes hospitaliers, ce tumulte risque de se traduire par une aggravation de la situation, nos jeunes préférant se lancer dans des domaines plus prometteurs d’autonomie, de liberté et de garanties pécuniaires. Tentons de les retenir.

Même s’ils ont de la peine à se faire entendre, les médecins ont des propositions, et 2019 sera certainement une occasion de les mettre en avant, en particulier dans le cadre de la campagne des élections fédérales. Smarter medicine (médecine plus intelligente) [10], médecine personnalisée, modèles d’assurance innovants [11] : le corps médical ne doit pas avoir honte de se positionner comme expert des problèmes liés à notre système de santé. Les auteurs bénévoles des nombreux articles et numéros thématiques du Courrier du Médecin Vaudois contribuent largement à diffuser ces propositions et ils doivent ici être remerciés.

Dans la même perspective, l’engagement de nombreux médecins dans les différentes instances de la Société Vaudoise de Médecine est à saluer et à remercier. C’est seulement ensemble que nous pourrons contribuer à maintenir les aspirations légitimes de la population à garantir à la fois l’accessibilité et la qualité de notre système de santé.

 

Dr Philippe Eggimann

Président de la SVM