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Ce qu’en pense

La médecine et son sens

D’où vient ce sentiment que les actuels débats de politique de santé sont à côté de la plaque ? Que les bricolages qui tiennent lieu de programme ressemblent à des guirlandes de mesurettes, accrochées à d’obscurs enjeux ?

Il n’est question, dans ces débats, que de détails, de surveillance et de contraintes. Plutôt que de dégager un futur, on ressasse les recettes du vieux monde. Ça ne va pas suffire. La médecine est à la pointe des enjeux du monde contemporain. Impossible d’éviter de discuter du fond. C’est l’organisation et les tendances globales du système de santé qu’il faut questionner.

La pression vers la standardisation s’accroît. La limitation des choix augmente, pour des raisons de manque de moyens ou de coûts. La liberté baisse, celle de décider et d’exister librement des patient-es, des médecins et autres soignant-es. Non pas donc la liberté d’une activité médicale sans comptes à rendre – paternaliste ou guidée par des intérêts particuliers. Mais une liberté comprise comme une responsabilité, source d’un regard ouvert.

Ce qui manque aussi, c’est une réflexion sur l’articulation des buts : la guérison, le soulagement de la souffrance, le soin, la prévention et la promotion de la santé. Ou encore sur le sens. Sur l’éthique aussi, certes. Mais le sens est autre chose. Il fait référence à ce qui, chez chaque personne, oriente l’existence, est irremplaçable, constitutif d’elle, sujet et objet d’amour et de compassion, inatteignable par une logique utilitariste ou mécaniste.

Jusqu’à récemment, les grands paramètres qui déterminaient la construction du système de santé et son évolution étaient les progrès de la science, la démographie et l’économie. On se disait que la science des données et la robotisation allaient changer non seulement les pratiques et l’économie, mais aussi les paradigmes. On était aussi inquiet de la démographie : le vieillissement massif, l’explosion des maladies chroniques, avec les coûts qui en résultent. Dominait, dans ce monde qui passe, une culture de la performance : l’efficience et l’exigence croissante de santé, jusqu’à la perfection, jusqu’à l’immortalité.

Mais brusquement, tout cela est défié, il faut apprendre à penser en termes de ressources limitées, de pénurie, et d’adaptation en profondeur au changement climatique. Mais surtout à penser ensemble – patient-es, médecins, politicien-nes – une santé communautaire, c’est-à-dire une attitude humaine devant la maladie, la souffrance et la mort qui fonde la communauté : qui reçoit son sens d’elle et lui en donne un.

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