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Mouvement « Carton jaune »

Restaurer le débat sur la politique de santé

Le mouvement « Carton jaune » est né du groupement de médecins de divers horizons confrontés à des difficultés croissantes dans leur pratique quotidienne.

© Jean-Bernard Sieber - ARC

Nos motifs d’inquiétude n’étaient pas nouveaux et nous les avions relayés à nos organisations faîtières. Nos représentant-es nous ayant rapporté un dialogue de plus en plus ardu avec les autorités politiques, nous avons décidé d’exposer publiquement nos interrogations durant la période électorale, espérant que notre message soit enfin perçu. Nous avons agi avec un sentiment d’urgence, face à des interlocuteurs/trices toujours plus nombreux-ses et moins au fait de la réalité du terrain, avec une vision souvent réductrice, c’est-à-dire exclusivement économique, de la santé.

Une réalité du terrain ignorée

Année après année, nous appréhendons le départ à la retraite de consœurs et confrères très insuffisamment remplacé-es, ce qui représente un problème majeur pour le suivi de nos patient-es. L’assertion récente que le nombre de généralistes installé-es est suffisant ne correspond pas à la réalité perçue par la population (voir résultats du sondage sur la densité médicale vaudoise). La situation de bien d’autres spécialistes n’est pas meilleure. Les restrictions annoncées quant à la formation et aux possibilités d’installation des futurs médecins ne tiennent pas compte des besoins réels de la population et n’encouragent pas la relève de la médecine libérale. Cette dernière a pourtant démontré son efficacité dans une collaboration multidisciplinaire basée sur la complémentarité entre médecins expérimentés, avec une volonté commune de prise en charge optimale de chaque patient-e.

De plus, pour des raisons qui semblent plus idéologiques qu’économiques, les projets de planification hospitalière semblent s’orienter vers une étatisation de la médecine, qui mettra sur le carreau divers intervenants privés (cliniques, médecins…) ou publics (hôpitaux périphériques) plutôt que d’exploiter de possibles partenariats.

Eviter une prise en charge dépersonnalisée

Nous craignons d’aboutir à une médecine centralisée, contraignant nos patient-es à une prise en charge dépersonnalisée, où le lien privilégié avec leur médecin se perdra dans une administration allongeant les délais et la complexité du parcours médical.

Ces réflexions montrent à quel point il sera difficile d’appliquer la clause du besoin : qui déterminera l’importance du besoin et la manière d’y faire face ? Aucun-e des interlocuteurs/trices n’est neutre dans ce débat, et nous courons le risque, sous couvert de mesures économiques, de priver les patient-es de compétences précieuses sur lesquelles notre futur système de santé aurait pu s’appuyer.

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