Garde médicale: quelles perspectives?

20.10.20 | Proposé par: Dr Jean-Pierre Pavillon

«Chacun doit pouvoir, dans la mesure du possible, bénéficier des soins médicaux dont il a besoin, en tout temps et en tout lieu.»

Ce principe, les médecins l’ont longtemps assumé tout seuls, puis, ces dernières années, sur mandat de l’Etat. Fin 2018, le DSAS a décidé de dénoncer la Convention de la garde pour en reprendre l’organisation. Après passablement de tergiversations et une négociation difficile, le DSAS et la SVM ont abouti à une nouvelle convention qui laisse à la SVM la maîtrise de la garde spécialisée, alors que l’Etat reprend la responsabilité de la garde de premier recours, incluant la médecine générale adulte, la pédiatrie, la gynécologie et la psychiatrie. La garde de premier recours est distribuée en quatre régions: Centre, Nord, Est et Ouest. Elle est organisée par une commission régionale, avec le soutien logistique et administratif d’un «mandataire régional». Ce dernier est Unisanté pour le Centre, le Réseau Santé Nord-Broye pour le Nord, l’Hôpital Riviera-Chablais pour l’Est et la Fondation de La Côte pour l’aide et les soins à domicile et la prévention pour l’Ouest.

Aucun de ces mandataires n’est une association médicale. Il n’en reste pas moins qu’il ne peut y avoir de garde médicale sans médecins. En l’occurrence sans les médecins travaillant en cabinet, qui sont les spécialistes de la médecine ambulatoire et les mieux à même de prendre en charge les urgences ambulatoires de façon efficace et économique.

L’heure d’un premier bilan

Nous avons été nombreux à être contrariés par la dénonciation de la convention par l’Etat, mais le moment n’est plus de discuter de la pertinence de cette mesure. De toute façon, la garde fonctionnait bien avant la reprise par l’Etat et ni mieux ni moins bien après. Après plus d’un an de fonctionnement du nouveau système, il s’agit d’évaluer ses avantages et ses inconvénients.

Une grande faiblesse du système est l’hétérogénéité des mandataires régionaux, qui n’ont pas les mêmes intérêts et ne poursuivent pas forcément les mêmes objectifs, ce qui pourrait rendre difficile le pilotage du système à l’échelle cantonale, avec une démotivation des médecins s’ils ne sont pas impliqués dans les processus décisionnels.

Un avantage très pratique est que les médecins seront rémunérés pour le fait d’être de garde en plus des prestations fournies, ce qu’ils réclamaient depuis longtemps. D’une façon moins terre à terre, une gouvernance qui se situe au-dessus des prestataires pourrait permettre une meilleure intégration des divers dispositifs de réponse à l’urgence, au niveau des soins à domicile, des médecins de cabinet et des services hospitaliers, comme cela commence à être le cas dans le Nord. Elle devra aussi amener à une harmonisation des pratiques entre les régions qui ne peuvent rester, à terme, aussi hétérogènes sur un territoire aussi petit.

Définir les contours de la garde spécialisée

La garde spécialisée reste régie par la SVM qui, pour cela, s’appuie sur les groupements de spécialité. Même s’il y a eu des gardes liées à des établissements hospitaliers, cette garde spécialisée n’a jamais existé de manière formelle sur l’ensemble du territoire cantonal. Elle doit donc être entièrement inventée. Son élaboration résulte d’une appréciation subtile des besoins de la population et des ressources de la spécialité, d’où l’importance des groupements de spécialité.

En outre, la qualité d’un service d’urgence ne se mesure pas qu’à la qualité des soins médicaux, mais aussi beaucoup à celle de sa porte d’entrée, soit pour nous la Centrale téléphonique des médecins de garde (CTMG), sur laquelle notre influence est limitée.

Nous avons donc du travail à tous les niveaux pour assurer la qualité du service de garde.

Dr Jean-Pierre Pavillon, président de la commission cantonale de la garde

NB: Cet article a également été publié dans le CMV 5 – 2020 intitulé « Garde médicale spécialisée: Un réseau au service de la population, des médecins et des hôpitaux »

Déposer votre commentaire